dimanche 22 décembre 2013

Les 2 font la paire

Cette nuit : faut croire que tout allait par paire.
Les VSAV arrivaient par 2 : AVP VL/VL ayant entrainé 2 victimes : tranquille.
Puis arrivés d'un beau-père et de son gendre qui après avoir bu ensemble toute la soirée se "sont foutus sur la gueule". Fallait les entendre dans le même box d'examen comme larrons en foire : ils n'arrêtaient pas de rire. Le jeune avait été obligé par sa femme de prendre une douche, avait glissé dedans et s'était raccroché au rideau de douche qu'il avait détruit avec la fixation.
Plus tard, des parents nous amènent leurs 2 enfants fiévreux depuis une semaine : cela aurait été dommage d'attendre le lendemain...
Puis, un patient a été amené avec son épouse qui a tenté de le poignarder pendant son sommeil car il avait désiré se séparer d'elle la veille. Drôle d'ambiance : le mari avec des plaies multiples, profondes au niveau du cou, des épaules et des bras et dans un autre box sa femme qui ne désire plus parler et simule  un état... de sommeil somme tout bien relatif (quelques stimulations permettant de la sortir de sa stupeur).
Après, 2 hommes avaient eu la bonne idée de se battre en état d'ébriété. Chacun revendiquant l'honneur d'en "avoir foutu plein la gueule à l'autre". Quand on faisait remarquer à l'un qu'il était pas très beau à voir, il nous disait tout de suite : "l'autre est pire". Hélas, je n'ai pas commencé par le plus simple : le premier que j'examine est calme avec une figure ressemblant à un boxer après match : bouffi, des hématomes ne me permettant pas de distinguer la couleur de ses yeux ni à quoi il devait bien ressembler avant. Essayer de sentir une éventuelle déformation osseuse est peine perdue. Pendant que je m'occupais de lui, des collègues para-médicaux viennent régulièrement me dire que l'adversaire de mon patient n'arrête pas de déambuler, de crier et veut partir alors qu'il a des plaies au visage à suturer.
A presque 23 heures de travail et malgré mes 2 heures de sommeil, je décide d'affronter cet énergumène, ivre, violent et énervé. Est ce le respect du à ma fonction ? Car c'est sur que ce n'est pas les 20 cm que j'avais en moins en hauteur, en largeur et en circonférence de biceps et de quadriceps qui lui faisaient peur. Malgré le "T'es qui toi ?" et le "Tu sais pas qui j'sui", il a accepté que je l'examine. Bien sur, les plaies devaient être désinfectées, parées et suturées. Cela aurait trop simple sinon.
Il s'allonge et me montre un tatouage représentant des idéogrammes sur sa jambe droite : "tu sais ce que c'est ça ?". Malgré mon envie d'en savoir plus, il me répond "No comment". Puis, me montrant un autre tatouage sur son avant-bras gauche : "Hell's Angels, tu connais ?". "C'est quoi au juste ?". "No comment". Décidément, que de mystère...
Pour plaisanter, je lui demande si il a un surnom au sein de son groupe les "Hell's Angels" genre "Gasoil", "Bitume", "Mazout" (pas très original, je sais mais je trouvais ça drôle). "Tu veux que j't'fasse un mazout", me dit-il avec un sourire en coin. "Euh... j'préfére pas savoir". "No comment". C'est peut-être ça son surnom. En tout cas, ça lui irait bien.
Après avoir fini mon travail de couture, il se rhabille, va aux toilettes d'où on peut entendre comme des coups dans le mur. On se retrouve à plusieurs derrière la porte lui demandant en plaisantant de ne pas tout casser. Vivement qu'il s'en aille... Je lui donne par la suite ces ordonnances qu'il me rend froissées, déchirées, en morceaux. Décidément, un homme bien sympathique.
Une fois parti, je constate que plusieurs patients sont arrivés pendant mes soins et que cela ne sert plus à rien que je m'en occupe : la relève va bientôt arriver. Ouf...
Bon, faut que je me mette à la musculation...

mercredi 11 décembre 2013

C'est fait...

C'est fait, ça y est. J'ai enfin pu ramener ma patiente à Besançon...
Petit retour en arrière : jeudi, on m'appelle pour une mission vendredi : transporter une patiente polytraumatisé suite à un accident de Lausanne à Besançon. Mais, peut-être pas... Car la place à Besançon n'est pas sur : évidemment, en soins intensifs, ils ne peuvent pas réserver de lit pour 24h.
Et effectivement, le lendemain matin, peu de temps avant de partir pour la base, je reçois un SMS qui m'annonce l'annulation de la mission. Tant pis.
Lundi, je médicalise tranquille la coupe du monde de biathlon. Enfin, ce jour est celui de l'arrivée des équipes et de leur entrainement. Aussi, peu de monde et surtout pas de public. On se balade tranquille, on découvre les structures. C'est calme. On m'appelle alors pour une mission mardi : transporter une patiente victime d'un accident de Lausanne à Besançon. Bien sur, maintenant que je connais le dossier.
Donc, mardi, départ en ambulance pour Lausanne. Problème : mon ordre de mission ne me donne pas d'indication sur le service d'accueil. Appel à l'assistance... Et là, je me rend compte qu'ils n'ont pas la confirmation de la place. Et un appel à l'hôpital de Besançon confirme que personne n'attend la patiente... Mission annulée. Au moins, cette fois-ci, j'ai pris la route. On progresse...
Un peu plus tard, dans l'après-midi, nouvel appel pour une nouvelle mission : une dame polytraumatisée suite à un accident qu'il faut transporter de Lausanne à Besançon. Bien sur, je connais le dossier par coeur...
Ce matin, j'ai quand même par précaution appelé l'assistance et le service d'accueil. Pas de problème, cette fois-ci et j'ai ainsi pu rencontrer cette patiente de 35 ans qui au volant de sa voiture avec son mari et sa fille de 3 mois a percuté un véhicule roulant à contre-sens. Le conducteur d'en face était en état d'ébriété. Heureusement, il n'a tué personne et le bébé n'a subi aucune blessure. Sa mère par contre a eu une fracture du fémur et une perforation digestive qui lui a laissé après plusieurs interventions une colostomie. Elle se retrouve ainsi avec plusieurs cicatrices à l'abdomen et une poche qu'elle n'a pas osé toucher avant 3 semaines. Et il lui faudra subir de nouvelles opérations pour rétablir la continuité et une auto-greffe musculaire. Elle n'a pas vu sa fille depuis plus d'un mois, ne pourra pas travailler avant plusieurs mois. Son mari a eu plusieurs fractures aux membres inférieurs et au rachis. Il ne pourra pas marcher avant quelques mois et doit porter un corset. Tout ça à cause d'un homme ayant pris le volant en état d'ébriété.

mercredi 4 décembre 2013

Pourquoi tant de haine ?

Les rapatriements peuvent se suivre mais ne se ressemblent pas.

Il y a 2 jours : avion sanitaire. Direction : Dublin pour un jeune homme ayant eu 2 pneumothorax et ayant été opéré. Ainsi, peu de risque qu'il se passe quelque chose en vol. Mais bon, sait-on jamais... Aussi, nous sommes 2 : un médecin et un infirmier pour une jeune homme qui marche et ne se plaint de rien. Aussi, retour tranquille à discuter avec lui et son père.

Et le lendemain : mission en ambulance pour ramener un homme âgé ayant chuté dans des escaliers en été d'ébriété ce qui a entrainé une contusion cérébrale en plus de ses multiples fractures. Depuis, il est désorienté, par moment agité et agressif. Et là, pas d'infirmier. Juste moi pour le ramener. Soit, pourquoi pas ?
Arrivée dans le service à 7h15 : rien n'est prêt : ni le dossier, ni le patient qui n'a eu ni son traitement du matin ni de prise de constantes, et n'a même pas été changé. Pas de problème, c'est courant. Avec les ambulanciers, j'aide l'infirmière. Le médecin de garde est appelé par ses collègues pour des transmissions orales. Ces dernières demandent : "Faut vraiment qu'elle vienne ?". Sympa, non seulement, je n'ai pas de compte-rendu médical mais en plus le médecin ne désire pas bouger ses fesses pour me faire des transmissions... Et ce n'est pas un médecin de garde ne connaissant pas forcément le patient mais un des médecins du service !!

Le problème fut quand nous avons à peine sorti le patient de sa chambre. Ne comprenant pas ce qui lui arrivait et se croyant dans son bureau de travail, il se met à s'agiter et commence à descendre du brancard. On le raisonne, le rassure, essaie de rentrer dans son délire en lui expliquant que c'est pour son travail. Rien n'y fait. Je demande alors à l'infirmère de lui donner ce que les médecins du service ont prévu en cas d'agitation : 100 mg d'Atarax per os et d'appeler le médecin pour compléter éventuellement la sédation.
Au bout de 20 minutes, le fameux médecin de garde arrive : l'air sévère, entre 50 et 60 ans, les cheveux en arrière reliés en natte, de grosses lunettes à monture large sur le nez : on aurait dit une mère supérieure. Sans me parler, elle imprime le dossier médical et me le tend : peut-être est-elle muette et que c'est sa façon de communiquer ? En tout cas, pour elle, il n'y a aucun problème à transporter un patient agité en ambulance pendant 5 heures avec juste une personne comme accompagnant. Elle décide tout de même de lui administrer une ampoule de Loxapac en intra-musculaire. Alors que le patient est sous anti-coagulant et que par habitude, je commence en général par 2 voire 3 ampoules. Donc, je mets peu d'espoir dans ce traitement.

Au bout d'une heure et demie sur place, je décide de ne pas le rapatrier : le patient s'agite et essaye de descendre du brancard dés lors que l'on se trouve à plus de 2 mètres de sa chambre.
Mais après l'avoir remis dans son lit et en avoir parler à l'infirmière, voilà qu'arrive en furie le chef de service accompagné de ses "sbires", surement ses assistants ou internes. Il m'agresse verbalement : "Si vous ne transportez pas ce malade, je vais m'occuper de votre cas auprès de l'assistance !!", "Vous allez entendre parler de moi !!", "Si vous ne pouvez pas transporter ce malade, je me demande ce que vous pouvez transporter !!", "Mettez ce patient sur le brancard et emmener le à Paris !!", "On va le 
sédater et il va dormir !!". Comme si je mettais de la mauvaise volonté, comme si aujourd'hui, j'avais décidé de ne pas travailler, comme si c'était la première fois que je rapatriais une personne et que je ne savais pas comment faire...
Je l'ai laissé parler puis calmement me suis expliqué. Il a décidé de renforcer encore la sédation par du Nozinan et du Tranxéne 50 mg en IM. Bientôt, ce n'est pas un patient agité que je vais ramener mais un coma à intuber...

Devant tant d'agressivité, j'ai préféré ne pas faire front me disant que cela allait prendre beaucoup plus de temps et ai accepté de faire un dernier essai. Parfois, il faut savoir ranger son poing dans sa poche : répondre à la colère par de la colère n'arrange rien. Nous avons alors recommencer notre manège : patient sur le brancard et tentative de sortie du service. Le chef de service a alors pu constater de lui-même que le patient s'agitait. J'ai pu malgré tout le calmer et le mettre dans l'ambulance.

Comme prévu, le transfert fut difficile avec un patient absolument pas calme, n'arrêtant pas de bouger et désirant par moment se lever. Régulièrement, je le remontais sur le brancard, remettant ses jambes dessus en lui parlant calmement. Je n'ai rien rajouter aux multiples psychotropes qu'il avait déjà reçu et surtout n'ai pas fait son injection d'anti-coagulant... Le transfert fut long, très long...

mercredi 27 novembre 2013

AVP du matin. Chagrin...

J'ai pour habitude d'arriver en avance quand je suis de smur, car je connais trop le désespoir qui envahit le médecin finissant ces 24 heures lorsque retentit le bip pour une intervention à quelques minutes avant l'arrivée de la relève. Et alors que je bois tranquillement mon café, j'entends le bip et la voix du médecin de nuit râlant et peinant à avancer dans le couloir. Mais quel sourire à ma vue et ce soulagement...
Bref, c'est parti : AVP du matin. Chagrin...
Un jeune qui doublait en pleine heure de pointe s'est pris une autre voiture de face. Les voitures sont méconnaissables, en travers de la route. On ne sait pas d'où elles venaient. Je commence par aller voir le jeune entouré de nombreux pompiers et infirmier pompier. A priori, il doit être le plus grave. Je fais le tour de la voiture, le conducteur est entouré de couverture. Je ne vois pas immédiatement son visage. Pendant une seconde, je me demande si il n'est pas déjà trop tard. Je demande à l'examiner : conscient (ouf...), mais pâle, très pâle. Déjà perfusé. Tension ? 10/8. Pincé. Pouls ? 47. Bradycarde. Saturation ? Pas de saturation. Mauvais, tout ça. Très mauvais. Remplissage. Morphine. Je l'examine. D'emblée, je remarque la fracture ouverte du fémur gauche. Incarcéré au niveau des jambes. Il sent ses jambes, bougent ses pieds : pas de trouble neurologique. Tentative de palpation thoracique et abdominale : douleur thoracique droite et abdominale. J'écoute les poumons : diminution du murmure vésiculaire à droite : hémothorax ? contusion pulmonaire ? J'écoute le coeur : ouf, cela me rassure, il bat à environ 80/min. Il n'est pas bradycarde. C'est déjà ça de gagné.
Je vais examiner l'autre victime : une femme qui devait ouvrir son restaurant pour la première fois ce jour. Son mari me lance des éclairs et me laisse à peine la place pour l'examiner. Mon examen ne décèle rien de grave. Je vois toujours le mari taper du pied dans les débris et vider la voiture de sa femme. Je passe un pré-bilan au Samu : 1 blessé grave thorax-abdomen-fémur et 1 blessé léger.
Je me rapproche du jeune homme et mon ambulancier me fait remarquer une boite de médicament retrouvée à côté du véhicule : méthadone. Ok, j'enregistre.
Le jeune est toujours conscient, toujours pâle. J'hésite à demander du sang, mais la tension est stable et l'hémocue à 12. Les pompiers travaillent à couper les montants de la voiture pour enlever le toit : ils n'arrêtent pas, sont environ 5 à tourner autour avec leurs pinces, à mettre des câles. Et moi et mon équipe, on tourne comme des avions, frustré de ne pas pouvoir faire plus et inquiet. Si le gamin désamorce et se met en arrêt, c'est fichu, on ne pourrait rien faire. Essayer de faire une réanimation sur un patient traumatisé, assis et incarcéré : aucune chance...
Au bout d'une demi-heure, on commence à en voir le bout. Le break est devenu une décapotable. Plus qu'à repousser le moteur pour dégager les jambes. On recule et on abaisse son siège au maximum. on glisse le plan dur. On est environ 8 pour tenir le plan dur et soulever le patient. Je tiens le fémur fracturée et la jambe gauche. Au moment de le sortir complètement, ses pieds sont coincés sous les pédales. Petit temps pour les dégager. Puis, transfert vite vers le VSAV pour mettre au chaud le patient.
On coupe tout. Je l'examine plus attentivement, effectue un bloc fémoral, met le membre inférieur en traction avec l'aide des pompiers. Le bilan confirme ce que l'on craignait : tension pincée, tachycarde à 100/min, hypoxie avec saturation à 90% en air ambiant, hémocue à 10. Bon, faut rouler. Cela va bientôt faire une heure qu'on est sur place.
Et là, le patient nous dit : "Les clefs de ma voiture sont dans la poche de mon jean. Faut la fermer, j'ai mes outils dedans." On se regarde puis l'infirmier pompier lui répond : "Comment te dire ? Ta voiture ressemble plus à un coupé décapotable maintenant...". On rigole, cela fait du bien.

Question morphine : évidemment, pour réussir à être efficace, on est obligé d'administrer de fortes doses.
Le bilan réalisé à l'hôpital confirme ce que l'on supposait en pré-hospitalier : hémo-thorax et fracture de côtes droits, fracture hépatique et splénique sans blush au scanner, fracture de l'avant-bras gauche et fémorale gauche.
On appelle les chirurgiens viscéral et orthopédique. Le réanimateur déjà prévenu et sur place pose une voie veineuse centrale et un cathéter artériel. J'effectue un drainage thoracique ce qui permet de faire une auto-transfusion d'un litre. Puis passage au bloc opératoire pour réparer ces lésions...

Et voilà, une matinée de passer et la satisfaction d'avoir fait du bon boulot.

dimanche 24 novembre 2013

Espoir et désespoir

On peut voir de la "bobologie" toute la journée et d'un coup ou plutôt d'un bip, partir pour une urgence vitale, une vraie comme un arrêt cardiaque dans un hôtel. Forcément, les esprits s'affolent : un arrêt dans un hôtel : un homme avec sa maitresse ? Un arrêt en plein ébat sexuel ? Pourtant, une fois sur les lieux, on nous conduit dans... les cuisines... Et oui, alors que le patron de l'hôtel préparait le repas du soir, mort subite sans signe au préalable. Passée la stupeur et quelques minutes, le témoin a appelé le Samu et débuté un massage cardiaque. A notre arrivée : les pompiers sont présents et on poursuit la réanimation. Pas de choc électrique délivré, le patient a les pupilles dilatées et non réactives à la lumière. Bon, comme on dit "ça sent le papier bleu..." (expression vaguement médicale qui remplace l'expression "ça sent le sapin". On se différencie comme on peut...). Cela ne nous empêche pas de donner le maximum : massage cardiaque, intubation, ventilation, perfusion, adrénaline. Et là, au bout d'un quart d'heure, sans aucun choc délivré, l'ambulancier trouve un pouls. Et quel pouls : bien frappé. Ok, perdons pas de temps : tension, saturation, ECG, brancard, appel Samu, information auprès de la famille (ne pas rassurer pour ne pas donner de faux espoirs, mais ne pas conclure activement au décès même si le pronostic est péjoratif). Il faut faire vite pour l'emmener en coronarographie si les cardiologues donnent leur accord. Ce n'est pas si facile que de disposer tous les appareils sur le brancard : scope, défibrillateur, respirateur, oxygéne. On a beau faire attention, on se retrouve toujours avec des noeuds. Comme on était en cuisine, pas d'accès très pratique pour sortir : après avoir franchi une porte étroite, on est obligé de passer par dessus le bar encombré de verre et de bouteille de divers alcool. On lève le brancard avec tous les appareils dessus, on fait passer d'abord la bouteille d'oxygène, puis on pose le patient sur le bar, certains font le tour du bar pour récupérer le brancard puis on recommence la manoeuvre pour réussir enfin à poser le brancard sur ses roues.
Une fois dans le VSAV, on peut enfin commencer à rouler. Faut refaire un point sur les constantes : nouvelle prise de tension, nouveau ECG, vérification du respirateur.
Au bout d'environ dix minutes, dégradation du patient déjà instable sous amines. Chute de tension, baisse du pouls. Remplissage, bolus d'adré, mais hélas le coeur ne réagit plus et il me faut décider d'arrêter la réanimation et constater le décès. Même si un VSAV n'est pas destiné à transporter des patients décédés, on ne peut pas laisser le patient au milieu de nulle part, aussi on le déclare mort à l'hôpital.
En peu de temps, on passe par différents états d'esprit : l'attente d'une récupération, l'espoir lors de l'obtention d'un pouls, la lutte pour maintenir cet état, le désespoir, puis vient la résignation. Aussi, je n'ose pas imaginer ce que doivent ressentir les proches.

Plus tard, à peine le stress de cette intervention passée et après avoir vu quelques traumatismes d'il y a une semaine, nouveau départ pour plaie par arme blanche. Alors ça, ce n'est pas le motif de départ le plus courant.
De nuit, après s'être trompé 2 fois de rue et avoir marché 200 mètres dans la neige pour arriver dans une vieille ferme, on arrive auprès d'un homme qui a été attaqué par son voisin avec un sabre. Je ne pensais pas croiser Highlander ce soir-là. Evidemment, tout le monde est là : Smur, pompiers, gendarmes. Heureusement, les plaies sont superficielles mais nécessitent quelques points de suture que je réalise sur place pour éviter à tout le monde un aller-retour aux urgences. Pour le voisin : pas vu, pas pris... Les gendarmes me demandent d'emmener la victime car ils ne peuvent rien faire avant le lendemain pour l'agresseur qui serait pourtant chez lui : pas de cadre légal. Quand je pense qu'une heure avant, j'ai été réquisitionné par la gendarmerie pour un conducteur ayant fumé du haschich et qu'une personne armée d'un sabre ayanr attaqué son voisin ne soit nullement inquiétée... Bref, je dis aux autorités que ce n'est pas à la victime de partir et qu'il n'y a aucune raison de l'hospitaliser mais par contre pour le voisin, une petite HO ou une consultation psy... Evidemment, les gendarmes ont toujours raison et nous repartons en nous disant que l'on va pas tarder à revenir par ici.

Mais, le reste de la nuit fut calme... Bizarre...

mardi 19 novembre 2013

Forrest Gump ou son double peut-être...

Hier, j'ai eu l'impression de rapatrier Forrest Gump.
L'un des avantages qui est parfois un inconvénient du rapatriement est la possibilité de discuter et de découvrir un patient. Il est toujours intéressant de savoir ce que la personne a vécu : son travail, sa famille, ses expériences.
Celui d'hier était incroyable. Né en 1925 en Allemagne d'une mère belge et d'un père allemand, il parlait anglais, allemand et français parfaitement.
Il avait vécu à Berlin pendant la seconde guerre mondiale. Faisant rapidement le calcul (18 ans en 43), je me suis demandé si il avait fait partie de la Wehrmacht. Il m'a alors raconté une anecdote : lors de l'anniversaire du Führer le 20 avril 1943, des jeunesses hitlériennes étaient venues à son domicile car son père m'avait pas dressé le drapeau nazi devant sa maison. Ce dernier s'opposa alors aux jeunes nazis, mais grâce à sa situation haut placé, n'eut pas de sanction. Le patient avait été réformé car il pesait 54 kgs pour 1m95 et avait ainsi échappé à la guerre. Il connut malgré tout le siège et la bataille de Berlin.
Un peu avant, il était parti en Pologne voir son frère et avait pu voir le ghetto de Varsovie.
Après la guerre, il fit des études à Zurich puis à Sciences-Po de Paris où il put écouter Boris Vian et Sidney Bechet. Il partit à New York faire un stage d'un an. A la fin de cette année, il acheta une voiture 400 dollars, fit le tour des Etats-Unis avec un ami puis revendit sa voiture 300 dollars.
Pour son travail, il partit en Europe, au Japon...
Il me raconta mille anecdotes sur son travail et sa famille. Deux enfants, huit petits-enfants dont une urgentiste et un arrière petit-enfant.
Bref, j'ai passé un agréable moment avec un témoin de l'Histoire du XXième siècle.
Il m'a rappelé un patient âgé que j'avais examiné aux urgences. Lui demandant son ancien travail, il me dit : "Pilote de ligne". Faisant un rapide calcul (c'est une manie chez moi de réfléchir à l'époque de la jeunesse d'un patient) : je lui ai alors demandé si pendant la seconde guerre mondiale, il pilotait déjà vu qu'il avait plus de 20 ans. Et là, il m'annonça avoir fait partie de la France libre en Angleterre et avoir piloté un Spitfire, l'un des avions les plus mythiques puis après la guerre s'être reconverti dans le civil et avoir alors piloté une Caravelle, l'un des premiers jets pour l'aviation civil. J'aurais adoré en savoir plus mais je n'eus pas le temps de le faire.
Peut-être que le prochain sera plus intéressant... mais j'en doute.

jeudi 14 novembre 2013

La Paz - Paris

Le motard accidenté à La Paz ressemblait à Dennis Hopper : cheveux poivre et sel coupés court, barbichette, menton prononcé. Il a été super pendant tout le voyage du retour. D'emblée, il nous a tutoyé : "alors toubib, va falloir que tu m'aides pour rentrer dans le zing", il ne s'est jamais vraiment plaint mais ne refusait aucun antalgique proposé. Pourtant, au début, il nous a fait peur : à l'aéroport de La Paz, il a présenté sueurs, tachycardie et polypnée : forcément, passer de 3600 m d'altitude à La Paz à l'aéroport situé à 4100 mètres, ça n'arrangeait pas sa fonction respiratoire. Il était sur son fauteuil roulant penché en avant, pâle, suant pendant que la police contrôlait nos bagages et nous demandaient mille papiers : compte-rendu médical, certificat d'autorisation de vol, papier d'identité, inscription à l'ordre des médecins,... Mais, une fois dans l'avion, il s'est senti tout de suite mieux. D'habitude, c'est l'inverse, l'avion étant pressurisé à une altitude correspondant à 1500 mètres, les patients se sentent moins bien une fois en l'air. Alors que là, cela faisait passer le patient de 4100 mètres à 1500 mètres

Rentrer dans le zing n'a pas été facile : le fauteuil roulant s'arrêtant à l'entrée de l'avion et l'équipage n'ayant pas de chaise permettant de circuler entre les rangées de fauteuil, il nous a fallu porter le patient qui essayait de sauter à cloche-pied de travers pour nous aider. De plus, avec ses côtes cassées, on ne pouvait le maintenir au niveau du thorax sans lui faire mal. Mais, il a pris sur lui et une fois assis, on a pu entendre un énorme soupir de soulagement. Une fois bien calé et jambes allongées, le voyage s'est passé sans problème. Lors de l'escale technique à Santa Cruz toujours en Bolivie, on a pu obtenir de l'équipage qu'il reste à bord. Ils ont du avoir pitié de nous en nous voyant progresser dans le couloir. Puis, à Miami, on a pu avoir une chaise permettant de circuler dans l'avion. Le vol Miami - Paris fut un vrai bonheur pour le patient : il a parfaitement bien dormi. Faut dire qu'on lui avait donné un somnifère et des antalgiques.

Et voilà un patient content de rentrer dans son pays. A nous maintenant de nous remettre de ces 5 jours de voyage et du décalage horaire.

jeudi 7 novembre 2013

La Paz

Après une escale de 4 heures a Miami (pas vu de flics...) et un vol de 7 heures en business qui n'en a que le nom. Ce n'est pas que je deviens difficile mais pas de possibilité d'allonger les jambes, pas d'écran télé personnel... Pour un vol de 7 heures, on s'attend a mieux. En plus, lors du voyage du retour, on ne voyage qu'avec American Airlines. J'espere que le vol Miami - Paris sera mieux. Car pour le patient, cela risque d'etre difficile.
Ce patient a eu son accident au salar d'Uyuni, vaste étendue salée ou rien ne pousse. Etendu sur 10 km sur 10 km sans aucun obstacle. Notre patient a quand même réussi à percuter un autre motard... Hallucinant...
Bref, 5 côtes fracturées avec hémo-pneumothorax drainé, cheville et poignet fracturés. Il ne peut pas béquiller car son poignet valide lui fait mal ainsi que la cheville non fracturée. Donc pas de cloche-pied possible. Cela ne va pas être simple pour l'installer dans son siège. Sans parler des toilettes. Mais notre motard garde quand même sa bonne humeur et nous propose d'uriner dans une bouteille "comme Gérard Depardieu"... De toute facon, on aura surement pas le choix.
Par contre, il nous faut absolument récupérer du voyage. Avec le decalage horaire et l'absence de nuit complète sur les 30 dernières heures, on est complètement déphasé. On se croit le soir alors qu'il n'est que midi. Si bien, qu'hier, on a pris des somniferes pour être sur de ne pas se reveiller en pleine nuit en croyant que c'est la mi-journee.
Resultat : plutôt pas mal ce matin.
Par contre, faudra se coucher tôt ce soir : départ de l'hotel : 3h30... C'est reparti pour un tour...

mercredi 6 novembre 2013

Transit à Miami

Actuellement en transit à l'aéroport de Miami après un vol de 11h et un transit de quelques heures à Zurich. Direction La Paz. Oui, en Bolivie. C'est la 2ème fois que je vais aussi loin en rapatriement. Arrivée prévue demain à 6h puis retour 2 jours après avec le patient : un motard qui a eu un accident : fracture cheville, poignet, côtes avec hémopneumothorax drainé. J'espère qu'il peut faire quelques pas... À cloche pied du moins.
Ce rapatriement va me prendre 5 jours. Être disponible 5 jours d'affilée, c'est rare. Et effectivement, quand on m'en a parlé, j'ai du changer un jour de travail à l'hôpital. Pas simple d'appeler les collègues libres ce jour là pour savoir si ils peuvent me dépanner. Entre ceux qui travaillent, ceux en repos et ceux en vacances, ils ne restent plus que 3 à 5 personnes. Ça m'oblige à accepter des jours ou des nuits qui ne m'arrangent pas. Et le prochain week-end s'annonce dur. Faudra que je travaille 2 nuits et une journée.
Bref, vivement que ce soit fini.
L'avantage est que l'on voyage en business : siège plus large se transformant en lit, bon plateau repas et absence de voisins (pas de bataille pour avoir l'accoudoir, pas de réveil quand le voisin veut aller aux toilettes). Pendant les escales, on peut bénéficier des salons : silence, wi-fi gratuit, café, boissons dont alcool à volonté, buffet salé (soupe, chips ou encas) ou sucré, canapé, journaux. Cela permet de mieux supporter les transits.
Bon, j'avoue que le salon de Miami laisse à désirer : sale, ne sentant pas bon et en plus, les plats sont payant et vous n'avez droit qu'à 2 boissons... Tout m'a l'air plus cher aux States. Rien que pour prendre un caddie, vous devez débourser 5 dollars non remboursés. L'anarque. Même en Turquie, ils n'oseraient pas. Heureusement, on ne fait que passer. Prochain vol : American Airlines. Je n'ai jamais volé sur une compagnie américaine. Pourvu que s'asseoir ne soit pas payant car voyager debout va me paraître très très long.
Le salon le plus agréable que j'ai pu découvrir fut celui de Turkish Airlines à Istanbul : il y a même un billard et des personnes sont chargés de préparer la pizza de votre choix devant vous ou de vous préparer le café. De grande taille, vous pouvez soit vous assoir dans des canapés ou sur des chaises, au bar ou au restaurant, lire des journaux ou des magazines dans toutes les langues...

jeudi 31 octobre 2013

La petite sous respirateur

Hier : prise en charge en smur d'une petite de 8 mois pour tachycardie. Déjà, ce n'est pas courant d'intervenir pour une tachycardie à cet âge. Mais en plus cette petite présentait une myopathie depuis sa naissance et ne pouvait respirer qu'à l'aide d'un respirateur et se nourrir que par une sonde de gastrostomie. Vous avez beau avoir vu des gens trachéotomisés, sous respirateur, avec des stomies, mais voir cette petite de 8 mois qui au bout de quelques semaines de vie a du subir 4 interventions pour lui permettre de vivre. Je dis vivre... Mais elle ne bouge pas hormis ses yeux. Survivre ? Elle n'a connu que ça. Elle n'a que 8 mois mais se rend-t-elle compte de quelle chose ?.

J'ai trouvé cela triste et j'avais beaucoup de peine pour elle. Je pensais : "Comment va t'elle grandir ?", "Pourra t-elle un jour bouger, jouer, marcher ?". 

Je pensais également aux parents qui ont du subir tout cela : l'annonce de la maladie de leur enfant, de son handicap, son devenir, des différentes opérations, la peur du moindre problème pouvant compromettre le pronostic vital, l'incertitude du devenir. Et, au lieu d'avoir des parents angoissés, vindicatifs comme peuvent l'être des proches de patients porteurs de pathologies lourdes et chroniques et qui souvent en savent plus que les soignants, j'ai rencontré une mère et un père adorables.
Calmes, posés, nous expliquant calmement ce que leur petite avait comme pathologie, les opérations qu'elle avait subi, les gestes qu'ils effectuaient régulièrement : toilette, aspiration, alimentation par sonde, remplacement de la canule de trachéotomie. En quelques mois, ils avaient appris tellement de gestes et de soins. Ils étaient équipés de 2 respirateurs : un pour le domicile et un de transport, d'un aspirateur à mucosités, d'un oxymétre de pouls. Ils avaient appris à se servir et à régler les différents appareils.
En plus de cela, ils étaient gentils, non angoissés, nous aidant dans nos gestes.

Nous avons transporté la petite ainsi que sa mère. Cette dernière était d'une aide précieuse : connaissant son enfant comme personne, elle nous signalait si quelque chose sortait de l'ordinaire.

Une fois au déchocage, au moment de l'installer, l'infirmier responsable du secteur demande à la mère de sortir. L'infirmier Smur et moi-même sommes intervenus pour qu'elle puisse rester.

Pendant tous les examens et les gestes réalisés sur leur fille, les parents sont toujours restés calmes, laissant l'équipe médicale et para-médicale travailler, revenant quand ils le pouvaient sans jamais insister. Impressionnant...

samedi 26 octobre 2013

Et le régime crétois dans tout ça...

Cela faisait une dizaine de jours que je n'étais pas partie en rapatriement, alors quand on m'a proposé de partir pour la Crète sur 2 jours, je n'ai pas hésité. Bon, faut pas se faire d'illusion : je suis arrivée tard le premier jour pour repartir tôt le lendemain avec le patient, aussi, pas le temps de visiter. J'ai juste pu manger grec et encore lors de mon transit à l'aéroport d'Athènes.
Ce qui m'a le plus amusé ou attristé fut l'histoire du patient ou comment un français à l'étranger ne parlant pas anglais peut se faire soigner ?
Faut dire que le gars partait mal : éthylo-tabagique, 50 ans, malade dès son premier jour en Crète (pas de chance, de la Crète, il n'a vu que le mur en face de son lit...) : pneumonie. Pas de problème diagnostique ni thérapeutique et effectivement, d'après le rapport médical, il a bénéficié d'un bilan biologique, radiologique et d'une double antibiothérapie avec hospitalisation en soins intensifs devant l'insuffisance respiratoire. Rien à redire.
Mais voilà, nerveux, agité, douloureux avec l'impossibilité de communiquer et de se faire comprendre, le patient en est venu à s'énerver, à repousser ceux ou celles qui venaient lui faire des prises de sang (il ne comprenait pas pourquoi on lui enfonçait une aiguille dans le poignet. C'était des gaz du sang, normal mais si on ne lui explique rien...).
En plus, évidemment, arrêt du tabac et surtout de l'alcool... Du coup : patient agité qui a fini attaché à son lit... Alors qu'il n'a pas de pathologie psychiatrique... Mais bon, devant un patient grave, agité avec l'impossibilité de le raisonner, je peux comprendre.
Le patient a commencé à se calmer lorsqu'un psychiatre est venu le voir. Il a alors eu peur de finir en hôpital psychiatrique en Grèce. J'aurais aimé voir ça.
Les médecins m'ont bien expliqué la situation et même si leur hôpital semblait dater et ne disposer que de peu de moyens, la prise en charge fut correcte.
Quand je l'ai pris en charge, le patient était toujours nerveux et en voulait à tous les grecs : aussi bien ceux de l'hôpital que les employés de l'aéroport : trop lent, bordélique, sale,... Il n'arrêtait pas de râler, de pester. Il s'est seulement calmé une fois dans l'avion d'Air France le ramenant à Paris. Ouf...

Bref, j'ai pu mangé grec en Grèce.

mardi 22 octobre 2013

Vieux et... grabataire...

On vit de plus en plus vieux. Génial. De plus en plus de centenaires. Super !!!
Je me vois déjà à 90 ans en train de faire du vélo, faire mes courses au marché pour acheter des produits frais et faire un bon petit repas pour moi et mes proches, fêter mes 100 ans entouré de mes arrières-petits-enfants, partir en voyage voir de nouveaux paysages et faire de nouvelles rencontres...

Non, bien sur !!!!! Ce n'est absolument pas le tableau que je me fais du 4ème âge... Pourquoi ? Peut-être parce que les personnes âgées que je vois sont grabataires, déments, paralysés, déshydratés, infectées voire "sub-claquant". Et oui, aux urgences, nous avons la chance de recevoir des patients âgés :

  • amenés par leur famille parce que cette dernière ne peut plus assurer le quotidien (toilette, habillage, nourriture,...). Leur proche est devenir trop lourd à gérer ou agressif,
  • adressés par des médecins traitants car le patient présente une pathologie qu'ils n'arrivent plus à gérer en externe ou pour des examens complémentaires difficiles à organiser,
  • amenés par des pompiers ou ambulanciers pour chute, coma, erreur thérapeutique, fièvre,
  • adressés par des maisons de retraite, Ehpad, foyer-logement pour fausses-routes, fièvre, traumatisme, malaise,....
Le motif de recours le plus courant est malaise ou altération de l'état général. Comment peut-on parler d'altération de l'état général chez une personne de 95 ans grabataire et démente ? Il me semble que son état est déjà bien altéré. N'en jetez plus...

Ainsi, nous avons cette chance aux urgences d'être le déversoir de toute cette population âgée lourde et porteuse de pathologies chroniques (hypertension, dyslipidémie, diabéte, prothéses diverses et variées) avec plein d'antécédents en "-ectomie" (appendicectomie, cholécystectomie, hystérectomie, colectomie, thyroïdectomie,... : comment prendre du poids en une opération). Il nous faut alors découvrir un patient : ses antécédents, son histoire médicale, son milieu de vie (seul ou en famille, aide ménagére ? infirmière à domicile ? kiné ?), son traitement, son anamnése ("alors que s'est il passé récemment ?). Il nous faut l'examiner : "c'est nouveau ces œdèmes ?", "depuis quand vous toussez ?", "vous marchez ?", "on est en quelle année ?". Parfois, on nous répond, mais souvent on se sent bien seul. Et ce n'est pas facile de se faire une idée précise. On lance un bilan : biologie, radiologie ainsi qu'une thérapeutique : "dyspnée d'origine cardiaque ou pulmonaire ?", "coma médicamenteux, d'ordre étabolique ou vasculaire ?". On fait des paris en visant telle ou telle pathologie, ou alors on bombarde d'examen et de traitement... Mais dès le début de la prise en charge, une question taraude en permanence notre esprit : "que vais-je faire de cette patiente ?", "retour à domicile ?", "hospitalisation ?", "réanimation ? (le réa va me tuer...)".
Parfois, l'hospitalisation n'est pas nécessaire : la patiente est relativement en bonne santé, elle n'a pas besoin de l'hôpital mais plutôt d'un centre de rééducation ou d'un foyer court séjour. Mais trouver une place en urgence est illusoire et la famille ne peut plus ou ne veut plus la récupérer (d'ailleurs, elle est déjà partie vous laissant seule avec le patient). Il faut alors convaincre le service et les médecins que vous gardez telle personne pour hébergement... Cela fait cher la chambre d'hôtel... Souvent, vous hospitalisez en sachant que l'état général de la patiente ne s'arrangera pas forcément : personne ne la fera marcher, le repas lui sera apporté dans sa chambre, on lui mettra une couche pour éviter d'avoir à la mettre sur le bassin ou à l'amener aux toilettes. Ainsi, le patient qui ne fait pas d'efforts finira par devenir grabataire, incontinent, ne sachant plus s'alimenter seul. C'est pourquoi on ne désire pas forcément hospitaliser lorsque l'état clinique ne le nécessite pas... Mais allez faire comprendre ça à une famille fatiguée...

dimanche 20 octobre 2013

Don d'organes

Si il y a bien un motif d'intervention smur qu'un urgentiste doit savoir gérer, c'est bien l'arrêt cardiaque. Hormis pour les réanimateurs, dès qu'un spécialiste est confronté à un arrêt cardio-respiratoire, il fait forcément appel à l'urgentiste et là, pas question d'être en train d'effectuer un acte technique ou être en cours d'examen, il faut absolument que l'on intervienne (le spécialiste ne comprendrait pas que l'on ne soit pas disponible à sa demande... L'inverse, évidemment, ne va pas de soi...).
Ainsi, dès qu'une mission smur tombe, la première chose que l'on demande est le motif d'intervention. Entendre "ACR", "Arrêt cardio-respiratoire" ou "Arrêt cardiaque" nous provoque comme une réaction physiologique : on se réveille, tous nos sens sont en alerte, on est sur le qui-vive. Il va falloir que l'on soit efficace et rapide. Il va falloir prendre des décisions en peu de temps avec parfois très peu d'élément à sa disposition. Chaque membre de l'équipe connait son rôle. On sait également qu'il va falloir s'adapter au lieu de l'intervention (cave, toilettes, chambre étroite,...), aux premiers intervenants (pompiers, ambulanciers, famille, tiers), au climat (si intervention en extérieur : pluie, neige, boue),...
Aussi, quand nous avons été déclenchés récemment pour un arrêt cardiaque, nous étions prêts. L'ambulancier et l'infirmière étaient chevronnés. Je n'avais aucun souci à me faire : je n'aurai pas besoin de surveiller ou d'intervenir, ils sauront anticiper mes moindres faits et gestes. A notre arrivée : on se rend compte tout de suite qu'il s'agit d'un homme jeune en arrêt cardiaque sur un trottoir (devant un bar en plus) en plein après-midi. Je vois vaguement dans le coin de mon regard une femme pleurer : probablement sa femme. un des pompiers me donne un rapide bilan : homme, 40 ans, douleur thoracique ce matin, arrêt dans sa voiture, un passant massait à leur arrivée, 1 choc électrique externe. Je me suis dit : "On peut le récupérer, celui-là". Intubation, ventilation. C'est bon : l'infirmière a piqué et injecté l'adrénaline, l'ambulancier a posé le scope et amené le respirateur. Nous mettons le patient sous planche à masser. Nouvelle analyse : pas de choc. Merde !!! Bon, allons à la pêche aux infos. La femme qui pleure est bien son épouse mais est hongroise et ne parle pas français. Heureusement, une personne s'improvise interprète. J'apprends que l'homme ressentait régulièrement des douleurs thoraciques depuis 2 mois et comme ce matin, la douleur était plus intense, il avait décidé de consulter à l'hôpital mais... a voulu s'arrêter chez lui avant. P..., c'est pas vrai, quand je pense à toutes les douleurs thoraciques que l'on voit en smur ou aux urgences et là, ce patient a préféré attendre pour finalement être en arrêt.
Je retourne auprès du patient : asystolie (tracé plat), mydriase aréactive,... Pas bon ça...
Vu l'âge, j'appelle rapidement le Samu pour une demande de circulation extra-corporelle. Un problème que le régulateur me signale est qu'on ne connait pas le no-flow, c'est à dire, le temps pendant lequel le patient n'a pas été massé. Et oui, le passant ayant massé le patient a disparu. Mais bon, en attendant la réponse du Samu qui prend contact avec les réanimateurs et les cardiologues, je demande aux pompiers de le mettre sur le brancard et dans leur véhicule. Faut qu'on fasse vite. Allez!!! J'y crois !!!
Rappel du Samu. Pas d'indication d'Ecmo. Merde !!! Je me suis alors vu dire aux pompiers de le laisser sur place, donc de le sortir de leur véhicule et de le mettre où du coup ?? Alors, j'ai pensé : va falloir que l'on attende les pompes funèbres. Bonjour l'ambiance. Va falloir le dire à sa femme...
Pas d'Ecmo, mais le régulateur me précise que le patient pourrait devenir un donneur d'organes à coeur arrêté... Bien, c'est déjà ça. Bon, faut faire vite également mais surtout plus ou moins commencer à en parler à sa femme : lui dire que son mari est décédé malgré les gestes de réanimation en cours (planche à masser, respi, défibrillateur,...) mais... que l'on peut prélever ses organes....... Je ne vais pas jusque là... C'est trop tôt et trop d'un coup... J'en parle à l'interprète pour qu'elle lui en parle vaguement pendant le trajet.

Au final, nous l'avons transporté dans les meilleurs délais et surtout dans les délais requis.

Hélas, il ne fut pas prélevé... Je ne sais pas bien pourquoi...

jeudi 17 octobre 2013

Des extrêmes

C'est fou comme au cours d'une garde, on puisse voir les extrêmes.
Je me rappelle une journée de smur bien remplie ayant commencé par un arrêt cardiaque non récupéré et ayant fini par un accouchement. Cela crée un certain équilibre.

Cette nuit : accident de la voie publique, un véhicule avec un couple à bord a été percuté violemment par un autre véhicule conduit par un homme alcoolisé qui venait de sortir de chez lui après s'être disputé avec sa copine. L'homme en état d'ébriété bien qu'il n'avait pas mis sa ceinture de sécurité et que sa voiture ait fini sur le toit, ne présentait pas de lésions. La chose étonnante fut que le couple, eux, présentait des douleurs diffuses, intenses à la moindre palpation (voire effleurement), insuffisamment calmées par les antalgiques bien que tous les examens réalisés ne montraient aucune lésion.

Cette même nuit : nous sommes intervenus au domicile d'un homme qui avait chuté d'une échelle la veille et à qui les examens faits dans un centre hospitalier étranger avait retrouvé une fracture de la boite crânienne ainsi qu'une contusion cérébrale. Le patient avait préféré sorti contre avis médical. Et voilà, que nous étions chez lui suite à une crise convulsive généralisée.

Ainsi, en une nuit, on peut voir d'un coté, des gens qui font tout pour avoir le maximum de "dommages et intérêts" pour charger le gars qui les a percuté et que vous n'arrivez pas à faire partir de vos urgences et de l'autre, une personne qui aurait eu tout intérêt à rester à l'hôpital et auprès de qui vous passez 30 minutes rien que pour le convaincre d'être transporté.

Cela fait penser à tous ces patients que vous n'arrivez pas à convaincre que vous connaissez votre travail et que si vous ne prescrivez pas de radios, biologie ou scanner, c'est peut-être parce que tout simplement ils n'en ont pas besoin. Mais bon, voilà, on leur a dit que c'était mieux si il avait tel examen ou leur voisin connait une personne qui a eu le même symptôme et à qui on a trouvé tel diagnostic. Et maintenant, c'est pire avec internet, google, sites de médecine et leur forum à la c... Lorsque je fais une recherche sur une maladie ou un médicament, je tombe invariablement sur les forums. C'est juste horrible à lire : des gens commentent toute décision thérapeutique. Comme celui sur lequel une personne conseille à une autre d'arrêter son traitement prescrit pour une maladie grave. Faut pas que l'on s'étonne si les malades ne prennent pas le traitement indiqué ou préfèrent voir 2, 3 médecins différents. Cela doit aussi expliquer pourquoi tant de patients viennent aux urgences en nous disant : "Mon médecin n'a pas voulu me prescrire de radios", "Le traitement que mon médecin m'a prescrit ne me fait rien alors je viens vous voir", "Mon médecin est en vacances et il a un remplaçant, mais je ne le connais pas"...

Et c'est pas prêt de s'arranger...

lundi 14 octobre 2013

Enfin, une urgence...

Au moins, pour une fois, je ne peux pas dire que je n'ai pas fait des urgences ces dernières 24 heures. Et c'est cela que j'aime dans ce travail : constater d'emblée un patient comme grave, l'examiner, lui tourner autour afin de ne passer à côté d'aucun diagnostic éventuel, prescrire les examens et les premiers traitements, revenir le voir, rester à côté de lui afin de voir comment il évolue, le réexaminer, réfléchir sur les premiers résultats biologiques ou radiologiques, demander des avis,...

C'est ça la vie d'un urgentiste. Et ce n'est pas examiner un traumatisme du 5ème orteil droit (c'est encore plus con que le gauche !!) survenu il y a 10 jours... Ce qui constitue le niveau zéro de la médecine d'urgence...

Aaahhhh, hier : plaie thoracique par arme blanche. Voilà, un vrai motif d'accueil. Bon, je ne vais pas me réjouir. Mais pouvoir faire enfin son travail et ce pourquoi on est payé à la fin du mois, cela fait du bien. Et puis, après tout, ce n'est pas moi qui lui ai donné un coup de couteau. Finalement, je suis juste content de pouvoir le soigner. C'est plutôt positif comme message, non ? En plus, plaie thoracique gauche (cette fois-ci, c'est mieux que le droit), donc du côté cardiaque. Diantre... Bon, le patient étant stable avec un examen sans particularité hormis une plaie de 7 cm sur le côté gauche, on ne suspectait pas de plaie cardiaque. Mais bon, faut pas cracher dans la soupe... Et d'une urgence, une !!!

En fin de nuit, sont arrivés un état de mal épileptique puis une suspicion de péritonite post-opératoire (à la suite d'une hémorroïdectomie, c'est ballot !!). Aaaahhhhh !!! Comme cela fait du bien de passer une bonne nuit comme celle-là !!!

Ce qui m'a amusé cette nuit ou plutôt celle qui m'a amusé fut le médecin réanimateur de garde : une femme, entre 55 et 60 ans. Je l'appelle pour le jeune ayant reçu un coup de couteau (le samedi soir, les esprits s'échauffent) et je l'entends souffler longuement au téléphone puis me demander sèchement des informations sur l'état du patient pour ensuite venir l'examiner. et je vois arriver un petit bout de femme avec des lunettes et les cheveux en bataille. Cette dernière me pose plein de questions d'une manière sèche et directe tout en me donnant des "ordres" que j'ai déjà effectué. Je me suis dit : "je ne sais pas ce qu'il lui faut. Un jeune avec une plaie thoracique, c'est quand même bien plus intéressant qu'une personne âgée en insuffisance cardio-respiratoire !!". Mais bon, un urgentiste doit savoir ravaler son égo et se plier aux exigences et volontés du spécialiste. J'ai un certain sens du respect de mes confrères même si je me sens souvent rabaissé inutilement. 

Alors évidemment, lorsque j'ai du la rappeler pour l'état de mal, je l'ai à nouveau entendu souffler longuement dans le téléphone puis me répéter plusieurs fois les mêmes questions. J'ai du la réveiller. Au moins, elle dormait, elle !! Mais bon, on a l'habitude d'entendre les spés ralés et pestés envers nous.

Bref, cette nuit fut intéressante et me donne envie de recommencer... Je crois bien que je vais être déçu...

mardi 8 octobre 2013

Une journée en enfer

Journée de merde hier avec le sentiment que nos urgences étaient le centre du monde, car des patients venaient d'un peu partout.
Une personne rentrée à peine d'Algerie voulait absolument voir un psychiatre pour sa sœur psychotique. Une autre adressée par le centre hospitalier de Genève pour consulter un neuro-chirurgien en urgence car son assurance ne couvrait pas les frais d'hospitalisation en Suisse...
Étant à proximité d'un aéroport international, nous recevons régulièrement des patients de retour de vacances. On pourrait penser qu'ils consultent pour des pathologies liées au voyage (turista, palu,...) mais souvent il s'agit de problème n'ayant pas de caractère d'urgence. Ils ont tout simplement préféré de ne pas voir de médecin à l'étranger soit pour ne pas payer soit par simplicité ou méconnaissance du système sanitaire local. Alors, à peine arrivé, il leur faut absolument voir un médecin. Comme pour ce traumatisme de la cheville datant de 3 semaines en Thaïlande ou cette plaie de main datant d'une semaine au Mexique...
Du coup, j'ai passé ma matinée à attendre l'infirmière psy et mon après-midi à contacter le neuro-chirurgien, à sélectionner les images scannographiques à lui envoyer parmi le millier à ma disposition, à le rappeler pour savoir si il avait vu les images pour m'entendre dire qu'il lui fallait aussi des coupes sagittales et ainsi de suite pour finalement qu'il me dise au bout de 5h30 que le cas du patient n'est pas chirurgical et qu'il faut que je contacte un oncologue (j'aurais du commencer par là).
Sans compter l'intertrigo à 20h qui dure depuis 2 mois et qui demande à être hospitalisé en urgence... Ou la douleur thoracique d'un jeune de 20 ans évoluant depuis 3 semaines.
Le plus fort ou plutôt la plus forte fut cette femme enceinte de 4 mois venue dimanche pour voir entre autre un gynécologue car elle avait décidé ce jour de se prendre en main. Depuis le début de sa grossesse (qui datait de "début juin ou je crois... Fin mai peut être"), elle avait juste fait un test de grossesse ("début juillet, mais non fin juin...") et n'avait vu aucun médecin ni fait aucune prise de sang. C'est fou de voir cela dans un pays comme le notre. Quelle insouciance et de venir tranquillement aux urgences juste parce qu'elle a envie de voir son bébé. J'ai peur pour l'avenir de ce dernier. La future mère était déjà venu il y a 14 mois, enceinte de 9 mois et était partie sans attendre les résultats de ces examens. Et là peut être par pitié pour le futur bébé, j'ai appelé le gynécologue de garde qui évidemment m'a dit qu'elle devait prendre rendez vous comme tout le monde. Le plus fou est que la patiente est déçue de ne pas pouvoir voir son bébé. J'ai comme eu l'impression qu'elle ne se rendait pas compte de sa demande et moi de ma connerie d'avoir appelé le gynécologue (par pitié pour le bébé, je précise).

Comment peut-on continuer à vouloir faire des urgences dans de telles conditions ?

dimanche 6 octobre 2013

Missionnaire un jour...

On commence à avoir l'habitude de traiter des "urgences" de plusieurs jours voire de quelques mois. Mais quel ne fut pas ma surprise de voir s'afficher sur l'ordinateur le motif d'entrée suivant : "gêne oculaire depuis novembre 2012". On est quand même en octobre 2013 !!! J'ai pensé alors : "Celui-là, il va pas y couper !!!"
En général, les patients avec un problème ophtalmologique se plaignent de ne pas pouvoir avoir un rendez-vous avant plusieurs mois. Mais dans ce cas, je pense qu'il aurait eu largement le temps d'y aller.
Mais bon, voilà, le patient est inscrit et installé.
Je rentre dans le box et là, je fais face à un homme cheveux courts, barbe de 3 jours, petites lunettes rondes, mince,... en soutane... Pas courant, comme tenue la soutane...
Du coup, forcément, il doit y avoir une raison à son motif d'admission
Le patient est prêtre au Kenya : le missionnaire comme on se l'imagine : mince, petites lunettes rondes, cheveux courts, barbe de quelques jours. Il me faisait penser aux personnages que l'on peut visualiser sur les vieux films en noir et blanc des expéditions en Afrique ou en Asie. Quel anachronisme, me suis je dit.
Calme et très sympathique, il m'expliqua qu'il travaillait en Afrique et ne revenait que 3 semaines par an et qu'hélas, du Kenya, il n'avait pas pu voir d'ophtalmologue (tu m'étonnes !!), seulement un médecin qui après lui avoir demandé de l'argent lui avait dit qu'il avait rien a l'œil (il a beau croire en son prochain, je pense qu'il a été vert d'avoir payé pour rien).
 Adorant les voyages et faisant un diplôme de parasitologie, j'avoue qu'il m'a beaucoup intéressé : cela faisait 5 ans qu'il était en Afrique (Guinée, Kenya,...), il a pris un bain en Guinée d'ailleurs.
Ne pouvant pas grand chose pour lui et pensant à une possible parasitose (Loase...), j'ai pu convaincre l'ophtalmologiste de l'examiner.

Ce patient m'a permis d'apprécier ma journée aux urgences... Merci, seigneur... Amen...

mercredi 2 octobre 2013

Pan, t'es mort

Un jour pendant mes longues études de médecine, le professeur a demandé à l'ensemble de l'amphithéâtre composé de jeunes cons futurs médecins qui avaient déjà vu un mort, un cadavre, un macchabée quoi. Un silence envahit d'emblée la salle puis quelques doigts se levèrent.
Mince, me suis je alors dit, je veux être médecin et je ne sais même pas comment je réagirais devant un mort...
Sur le coup, mes certitudes sur mon désir en mon futur métier s'ebranlérent. Si cela se trouve, je passais tout ce temps sur les bancs de la faculté pour me retrouver incapable d'exercer mon métier.

L'instant fatidique arriva lors des TP de dissection. Chaque étudiant devait disséquer une zone précise du corps humain.
On m'attribua la cuisse. Cool, ai je pensé, je n'ai qu'à ne pas regarder le visage et à rester concentré sur ma cuisse pour ne pas être dégouté.
En bref, je repoussais le moment...
En fin de TP, j'ai fini par lever la tête de ma belle cuisse bien découpée avec visualisation des artères, nerfs, veines et muscles et ai décidé de savoir à qui appartenait ce membre (respect tout de même à celui qui avait donné son corps à la science). Et là : j'ai vu une tête qui avait servi peu de temps après sa mort à de jeunes internes en chirurgie maxillo-facial : une grande partie du visage avait été incisée puis recousue ce qui lui donnait l'aspect de Frankestein après un match de boxe contre Mike Tyson : bardée de sutures, œdèmatiée avec de multiples hématomes. L'horreur... Jamais vu pire dans tous les films de genre que j'ai pu voir...
Depuis, j'ai eu mon lot.
J'ai vu suffisamment de gens rendre leurs derniers souffles. La première fois, je m'en rappellerais toujours : jeune interne de garde, une infirmière d'un service m'appela pour un patient en insuffisance cardiaque. En entrant dans la chambre, j'ai trouvé un patient inconscient ayant des difficultés respiratoires avec sa fille présente à ses côtés. Le temps de demander conseil par téléphone au médecin d'astreinte, quand je revins les voir, sa fille pleurait et j'ai pu voir nettement le patient prendre une grande inspiration puis expirer pour la dernière fois. C'était irréel : cela m'a tout de suite fait penser aux films dans lesquels les acteurs respirent profondément avant de mourir.
Depuis, j'ai vu des gens morts par ingestion de médicaments, par inhalation de nourriture ou de vomi, par pendaison, par pistolet, fusil, pistolet d'alarme, par couteau suite à un suicide ou par agression, d'autres par accident : en voiture, moto, vélo ou simple piéton, en randonnée, en ski, en parapente, en se noyant, certains par maladie : insuffisance respiratoire ou cardiaque, cancer, inhalation.
Mais, je ne pense pas encore avoir fait le tour de toutes les façons de mourir (par exemple, je n'ai pas encore fait un décès par choc avec un train. À priori, c'est les morts les plus longs que l'on peut avoir à déclarer : 150 mètres en moyenne), mais cela a développé en moi le sentiment de pouvoir mourir à chaque instant (car la très grande proportion des décès que j'ai constaté ne s'y attendaient pas) et un certain humour noir (pas apprécié à sa juste valeur selon moi...) qui m'a rendu un brin cynique.
Bref, alors qu'au début, j'appréhendais de voir des cadavres, j'ai l'impression maintenant d'être devenu un catalogue de toutes les différentes façons de mourir. Et cela n'est pas facile à placer en société ni vraiment apprécié (à sa juste valeur) en soirée. Dommage, car j'ai plein d'anecdotes croustillantes...

jeudi 26 septembre 2013

Je rêve éveillé

Ce jour, je fais l'aller-retour sur Paris pour passer le DIU de maladies tropicales. Je me demande bien quel parasite ils vont nous donner : leishmaniose, trypanosomiase, ou plutôt sûrement un bon vieux palu.
Quelle idée de passer un tel examen quand on exerce en France métropolitaine ?? Ben oui, mais j'adore voyager et étudier les maladies tropicales permet d'associer mon métier à ma passion des voyages et puis j'ai toujours bon espoir de faire autre chose que des urgences et notamment de la médecine humanitaire et pourquoi partir exercer dans un autre pays... Qui sait ? Le pied serait de travailler pour une agence comme Terre d'Aventures, Allibert ou Terawa. Mais ils ne prennent pas de médecin. Tant pis, ils préfèrent alors des correspondants locaux. Ce serait quand bien de partir faire un trek de 2 semaines dans les Annapurnas tant en soignant les participants.
J'ai pense aussi faire de la médecine d'expédition, mais faut partir longtemps et les places sont chères.
Bon, faut que je révise surtout...

lundi 16 septembre 2013

Jeune et conne

Récemment, lors d'une garde : une patiente de 16 ans s'est présentée pour un problème médical. Je ne me rappelle plus lequel, mais le sujet n'est pas là.
Ce qui m'a surpris fut quand je lui annonce que l'on va lui faire une radio, elle me réponde : "je suis peut être enceinte".
Seize ans et enceinte ?? Peut être un accident, peut être un oubli de pilule...

"Quelle est la date de tes dernières règles ?", m'informais-je,
"Il y a 2 semaines"

A priori, y a comme un problème : comment peut-on supposer être enceinte sans avoir de retard ? Pourquoi pense-t-elle être enceinte ?
Je commence soft :

"- Tu as des rapports (question conne, je sais mais faut bien commencer par quelque chose)
  - Oui
  - Non protégés ?
  - Oui"

Mais elle veut être enceinte ou quoi. Bref, elle cherche la merde ?

"- Mais tu risques d'être d'enceinte ?
  - Je sais
  - Tu veux un bébé ?
  - Oui
  - Tu travailles ?
  - Non
  - Tu es à l'école ?
  - Non
  - Ton copain veut aussi un bébé ?
  - Non"

Donc je récapitule : une fille de 16 ans sans avenir sans formation sans argent et bientôt sans copain veut un bébé... Pourquoi ?

"- Pourquoi tu veux un bébé ?
  - Parce que j'en ai envie"

Mais bien sur, je suis bête. C'est tellement cool et fun d'avoir un bébé à changer, nourrir, habiller, laver 24 heures sur 24 à 16 ans que j'aurai du y penser avant...
Je commence doucement à lui faire la morale (c'est vrai que je pourrais être son père)

" - Mais faudra que tu t'en occupes, que tu changes, lui donnes à manger. Tu ne pourras plus sortir voir tes copines.
  - De toute façon, je n'ai pas de copines"

Bref, j'ai en face de moi une fille paumée sans avenir qui cherche un moyen de remplir sa vie... Et de se compliquer encore plus sa vie et celle du gamin si elle arrive à en avoir un...

J'ai continué ensuite à lui expliquer en quoi consistait la vie de mère. Elle est partie avec un traitement pour son problème médical et depuis j'espère qu'elle a renoncé à son projet.
Peut être suis je prétentieux de penser qu'elle ne saura pas s'occuper d'un bébé.  C'est juste que j'ai eu le sentiment qu'elle désirait un enfant pour combler le vide de sa vie...

dimanche 8 septembre 2013

"C'est bon, c'est bon"

Décidément, faire un rapatriement au Maroc n'est pas de tout repos. Cela me fait penser à la Turquie.
La semaine dernière, départ en avion sanitaire pour une petite de 8 ans pesant 13 kgs (et oui, 13 kgs, y a pas d'erreur de frappe) et ayant une insuffisance respiratoire restrictive et obstructive décompensée, intubée, sous amines. Pas simple, quand l'infirmière et moi avons lu le compte-rendu médical avant de partir, on avait qu'une envie : faire demi-tour...
Arrivée à l'hôpital devant le service de réanimation : pas de possibilité de rentrer. "Faut attendre"... Attendre, quoi ? Bon, attendons...

Au bout d'une demi-heure, enfin nous pouvons ainsi que sa mère approcher la petite. Mais pas question de s'en occuper ni de commencer à faire le transfert... Il faut d'abord que la facturation soit réglée... Donc que la mère aligne les billets. Déjà à l'arrivée de l'hôpital, selon ce que la mère nous a raconté, il lui a fallu donner environ 4 000 dirham avant que les médecins s'occupent de sa fille en détresse respiratoire... En France, ce serait de la non assistance à personne en danger...
Une fois le règlement effectué, nous avons pu commencer à nous occuper de la patiente : mise sur notre respirateur avec quelques difficultés lors des réglages (en volume ou en pression, VAC ou VS-AI ?...), transfert des pousses-seringues, mobilisation, aspiration trachéale,...

Et voilà qu'au moment de partir, une doctoresse arrive nous parlant de biologie sans même un bonjour ou une présentation. Heureusement, nous avions eu un peu avant un bilan fait par le pédiatre de garde. Mais il nous manquait le dossier et le compte-rendu médical. J'en informe le médecin qui alors m'explique que rien ne peut sortir du service et que le compte-rendu n'est pas prêt, qu'elle doit le taper... Le taper ?!?? Mais le transfert était prévu depuis 2 jours et cela fait déjà plus de 2 heures qu'on est dans ce service. Quand je pense que les IDE n'arrêtaient pas de nous dire : "C'est bon, c'est bon", "Tout est prêt"...
Bref, pas de compte-rendu si on n'attend pas 15 minutes que le docteur écrive son rapport et pas de possibilité d'avoir biologie ou radios. Elle m'a même proposé de prendre en photo l'antibiogramme avec mon iphone... Où va-t'on ?

Ne pouvant faire attendre plus longtemps notre avion, nous décidons de partir avant que le docteur ne finisse...

Mais bon, une fois en France, j'ai un message de l'assistance sur mon répondeur m'expliquant qu'un professeur marocain exige des excuses de la part de l'équipe médicale venu chercher la patiente... Décidément, mais où va-t'on ? J'ai du frustrer l'égo d'un pauvre médecin marocain. Elle s'en remettra, j'en suis sur...

jeudi 15 août 2013

Pas simple de quitter les urgences

Il y a quelques jours, j'étais à une soirée de départ de 2 infirmières des urgences.
Dix ans d'urgence : des infirmières respectées, expérimentées, ayant vécu toutes sortes de situations drôles, cocasses, heureuses ou tristes aux urgences et en smur.
Et à les voir à cette soirée, cela semble difficile de quitter les urgences.
Quand un nouveau arrive aux urgences, on se rend compte assez rapidement si il est "fait" pour les urgences. Ceux ou celles qui ne sont pas "faits" pour, ne reste en général pas longtemps : quelques mois voire un an pour les plus courageux. Pour les autres, c'est parti pour plusieurs années. Mais, pourtant, dans les services d'urgence, il n'y a pas beaucoup de vieilles ou de vieux infirmier(e)s : une ou 2 seulement ont une expérience longue d'une dizaine d'année. La plupart font 5 à 8 ans puis partent. Du coup, il y a toujours de jeunes infirmières à former, à "surveiller"
Les médecins urgentistes âgés ne sont pas légion non plus : ceux qui restent diminuent leur temps de travail pour faire plus de travail administratif ou une autre activité. Continuer à faire des nuits à hauteur de 2 à 3 par semaine à plus de 45 - 50 ans est difficile : il faut plus de temps pour récupérer et une lassitude et un épuisement moral s'installent.
Bref, les 2 infirmières avaient le sentiment d'avoir "fait leur temps" aux urgences : arrivée peu de temps après l'obtention de leur diplôme, elles avaient appris leur métier d'infirmière des urgences progressivement, à faire équipe avec médecin et ambulancier en smur, à gérer les urgences vitales, et avec leur expérience, étaient devenues formatrices auprès des jeunes infirmières et au sein du CESU (Centre d'Enseignement des Soins d'Urgence). Tout cela fait que sur certaines situations, elles en venaient à en savoir presque plus que certains médecins (je préfère écrire "presque" pour ne pas vexer certaines susceptibilités). Ainsi, apparait avec le temps le sentiment que la prise en charge n'est pas aussi optimale avec certains médecins qu'avec d'autres (j'dis ça mais j'dis rien)...

Bref, elles ont eu droit à la douche, au plâtre, et à la vidéo d'adieu avec les pleurs et les sanglots qui vont avec. C'était émouvant, comme un nouveau départ, comme lorsque quelqu'un part d'une famille pour voler de ses propres ailes.

Pas simple de quitter les urgences...

Un IDE libérale me disait récemment qu'il était parti depuis 7 ans et que cela faisait seulement 1 an et demi qu'il n'avait plus de pincement au coeur en voyant passer le smur.

samedi 3 août 2013

A la carte

Retour aux urgences il y a 2 jours pour 36 heures d'affilée (erreur de planning, j'aurai pas du changer ces 24h, mais bon tant pis). Je suis de smur. Comme cela, je fais de la filière rapide : traumatisme de cheville => radio => cassé : plâtre, pas cassé => attelle. C'est basique. Pas besoin de réfléchir. Je pose mon cerveau à l'entrée avant de commencer comme cela, il se fatigue pas trop.
Mais, il faut un certain temps d'adaptation et se rappeler que rien n'a changé hélas.

" - Je viens car je porte des lunettes depuis 5 ans et cela fait 2 - 3 mois que je vois flou en fin de journée." => et la monture, vous la voulez de quelle couleur ?

" - Est-ce que mon arrêt de travail pourrait commencer dans 2 semaines ?" => bien sur et pour Noël, je vous mets une ou 2 semaines ?

" - Je me suis fait mal à la cheville en Thaïlande il y a 3 semaines et je voudrais bien savoir ce que j'ai avant de prendre l'avion ce soir pour le Portugal" => ce serait dommage d'attendre encore quelques semaines

" - Je suis allergique au Doliprane alors je ne prends que du Dafalgan" => dois je lui dire que c'est la même molécule ??

" - Un mois de plâtre ?? Je préférerais 2 semaines. C'est quand même mieux, non ?" => à quoi on sert, si les gens font ce qu'ils veuillent ?

" - Vous voulez quelque chose pour la douleur ?  - Non, mais je veux bien un café ?" => Et l'addition après ?

Alors que je donne les ordonnances à une patiente : "Quoi ? C'est tout. Je n'ai pas même eu de café !!" => mince, j'ai oublié de mettre mon tablier...

Pas besoin de cerveau, je vous dis... Car effectivement, les gens font bien ce qu'ils veulent. Il suffit de faire ce qu'ils demandent.

samedi 27 juillet 2013

Fès

C'est fou comme des personnes peuvent être différentes en fonction de leur pays. J'étais en début de semaine en Thaïlande : sourire quelque soit les circonstances, salutations les mains jointes et inclinaison du tronc, toujours à nous demander si cela va ou a été bien. On se sent bien considéré. Les infirmières sont présentes, nous donnent dossier épais, traitement complet, nous accompagnent jusqu'à l'aéroport.
Puis 2 jours après, départ pour le Maroc, Fès. En exagérant à peine, je pourrais dire que c'est l'exact opposé : pas de sourire, une espèce de nonchalance générale associée à une lenteur dans la moindre de mes demandes. Les infirmières ne font que le minimum : dossier incomplet, pas de traitement préparé, patiente pas prête (pas changée, pas habillée). Elles partent s'allonger alors que l'on s'occupe de la patiente, mettent du temps à réaliser le moindre geste. On comprend alors mieux l'état du service : serpillière trainant dans un coin d'une pièce qui doit être la salle de soins, chariot de soins sale et pas rangé... Bref, faut que je ramène cette patiente en France, sinon je ne donne pas chère de sa peau. La pauvre, 92 ans, amaigrie, déshydratée, petite, sourde et parlant mal le français. La veille, le médecin que je rencontre m'assure qu'elle marche (condition sine qua non pour que je puisse la ramener en avion de ligne en place assise : il est nécessaire qu'elle puisse marcher du fauteuil à son siège). La voyant fatiguée allongée sur le côté, je n'ai pas voulu l'ennuyer et j'ai fait confiance au médecin qui présentait bien. Le jour du départ, je rencontre la famille que j'avais raté de peu la veille qui m'assure qu'elle ne se déplace plus... Un essai me montre même qu'elle ne tient plus sur ses jambes. Pas de retour possible. Je maudis ce p... de médecin de mes 2 et m'en veux de m'avoir pas vérifié la veille. Le bilan fait à l'assistance était trop beau pour être vrai pour une personne de 92 ans.
Du coup, pas le choix : appel de l'assistance, annulation du vol, et essai d'un avion sanitaire le lendemain avec moi comme médecin. Pas le choix, il ne me reste plus qu'à passer une nuit de plus à Fès. Après Bangkok et Fès, j'aurai préféré rentrer au plus tôt me reposer...
J'accepte : c'est le jeu, ma pauvre Lucette. J'avais qu'à m'assurer de son état plus tôt.
Par contre, pas question de retourner dans mon hôtel décrépie de la veille (qui fut surement un hôtel luxueux il y a 50 ans, mais hélas, l'absence de rénovation et le temps n'ont pas arrangé les choses) et quitte à rester, autant que ce soit dans le meilleur hôtel de la ville. Aussi, ne me démontant pas, je demande aux ambulanciers de me conduire dans le meilleur hôtel de la ville. Et je ne fus pas déçu : à l'entrée de la médina, hall somptueux, chambre avec enfin de l'air conditionné, propre et monstre piscine :


Hélas, je ne pus pas tant que ça en profiter : l'assistance a réussi à dépêcher un avion sanitaire dans l'après-midi pour nous ramener en France. Tant pis, j'ai au moins pu visiter la médina :




mercredi 24 juillet 2013

Rapatriement au pluriel

Je devais médicaliser une course ou un salon hippique du côté de Bourges pendant une semaine à partir du 20 juillet : 10 heures par jour pendant 8 jours. La boite avec laquelle je travaille n'ayant pas eu le contrat, je me retrouvais dispo. Je me suis dit que j'allais essayer de voir si côté rapatriement, il était intéressant de donner des disponibilités longues dans l'espoir de pouvoir partir longtemps et donc loin. Et là, bingo, rapatriement pour Bangkok avec une amie infirmière. En classe affaires aller et retour car le patient est valide. Avec à peu près 2 jours sur place pour soi. Trop bien !!
Le patient a été brulé gravement il y a au moins 2 semaines et quand nous sommes allés le voir, il n'avait plus de pansement. Trop facile. Sans avoir d'à priori, il était une caricature vivante des occidentaux venant en Thaïlande pour trouver "l'amour" : gros, cheveux gras, moche, avec la critique facile sur la Thaïlande et les thaïlandais, et évidemment en couple avec une thaïlandaise. Au cours de son hospitalisation, il a perdu 10 kilos et n'en pèse "plus que" 110. Ma collègue l'encourage : "faudrait passer sous la barre des 100" alors qu'un peu plus tard, le patient sort avec nous pour aller manger un kebab... Y a du boulot...
On a vu beaucoup de couples mixtes dans les rues de Bangkok : jeunes ou vieux en couple avec une jeune thaïlandaise. Certains couples avec des enfants. A mon avis, chacun doit y trouver son compte, mais on ne peut pas s'empêcher de trouver cela un brin malsain.
Bref, c'était bien sympa de passer 2 jours à Bangkok pour une journée de boulot d'autant que nous étions bien logés dans un hôtel avec piscine, salle de sport et monstrueux buffet au petit déjeuner. On en a profité pour aller diner à l'hôtel Intercontinental : encore une fois monstrueux buffet.

Après ces 4 jours de dur labeur, un jour de repos et nouveau départ demain pour le Maroc récupérer une personne âgée pour la ramener chez elle.

Le problème est qu'en général on doit partir tôt avec des réveils vers les 4 - 5 heures pour ensuite enchaîner les vols et les transferts dans différents aéroports avec contrôle d'identité et des sacs régulièrement. Ce rythme est assez épuisant mine de rien. Et devoir expliquer (comme on l'a fait à Amsterdam) en anglais à quoi sert un laryngoscope est assez difficile mais on est vite récompensé par leur mine dégoutée une fois que les douaniers ont compris. Le premier à avoir compris a mimé avec notre laryngoscope le geste pour ces collègues et on les voyait les uns après les autres faire une grimace de dégout. Excellent !!! Sinon, évidemment une fois le sac médical ouvert avec le tensiomètre, les différents solutés, les différentes ampoules, les sondes d'intubation ou naso-gastrique : les policiers ne savent plus quoi faire : tout contrôler et y passer des heures ? Interdire les solutés au risque d'être responsable si le moindre problème médical survient lors du vol ? Ainsi, après un bref coup d'oeil, ils nous demandent de tout remballer. En général, je prends un malin plaisir à prendre mon temps pour tout ranger comme il faut et refermer le sac. Et inutile de pester... Fallait y penser avant, gros béta !!!