Journée de merde hier avec le sentiment que nos urgences étaient le centre du monde, car des patients venaient d'un peu partout.
Une personne rentrée à peine d'Algerie voulait absolument voir un psychiatre pour sa sœur psychotique. Une autre adressée par le centre hospitalier de Genève pour consulter un neuro-chirurgien en urgence car son assurance ne couvrait pas les frais d'hospitalisation en Suisse...
Étant à proximité d'un aéroport international, nous recevons régulièrement des patients de retour de vacances. On pourrait penser qu'ils consultent pour des pathologies liées au voyage (turista, palu,...) mais souvent il s'agit de problème n'ayant pas de caractère d'urgence. Ils ont tout simplement préféré de ne pas voir de médecin à l'étranger soit pour ne pas payer soit par simplicité ou méconnaissance du système sanitaire local. Alors, à peine arrivé, il leur faut absolument voir un médecin. Comme pour ce traumatisme de la cheville datant de 3 semaines en Thaïlande ou cette plaie de main datant d'une semaine au Mexique...
Du coup, j'ai passé ma matinée à attendre l'infirmière psy et mon après-midi à contacter le neuro-chirurgien, à sélectionner les images scannographiques à lui envoyer parmi le millier à ma disposition, à le rappeler pour savoir si il avait vu les images pour m'entendre dire qu'il lui fallait aussi des coupes sagittales et ainsi de suite pour finalement qu'il me dise au bout de 5h30 que le cas du patient n'est pas chirurgical et qu'il faut que je contacte un oncologue (j'aurais du commencer par là).
Sans compter l'intertrigo à 20h qui dure depuis 2 mois et qui demande à être hospitalisé en urgence... Ou la douleur thoracique d'un jeune de 20 ans évoluant depuis 3 semaines.
Le plus fort ou plutôt la plus forte fut cette femme enceinte de 4 mois venue dimanche pour voir entre autre un gynécologue car elle avait décidé ce jour de se prendre en main. Depuis le début de sa grossesse (qui datait de "début juin ou je crois... Fin mai peut être"), elle avait juste fait un test de grossesse ("début juillet, mais non fin juin...") et n'avait vu aucun médecin ni fait aucune prise de sang. C'est fou de voir cela dans un pays comme le notre. Quelle insouciance et de venir tranquillement aux urgences juste parce qu'elle a envie de voir son bébé. J'ai peur pour l'avenir de ce dernier. La future mère était déjà venu il y a 14 mois, enceinte de 9 mois et était partie sans attendre les résultats de ces examens. Et là peut être par pitié pour le futur bébé, j'ai appelé le gynécologue de garde qui évidemment m'a dit qu'elle devait prendre rendez vous comme tout le monde. Le plus fou est que la patiente est déçue de ne pas pouvoir voir son bébé. J'ai comme eu l'impression qu'elle ne se rendait pas compte de sa demande et moi de ma connerie d'avoir appelé le gynécologue (par pitié pour le bébé, je précise).
Comment peut-on continuer à vouloir faire des urgences dans de telles conditions ?
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