Le motard accidenté à La Paz ressemblait à Dennis Hopper : cheveux poivre et sel coupés court, barbichette, menton prononcé. Il a été super pendant tout le voyage du retour. D'emblée, il nous a tutoyé : "alors toubib, va falloir que tu m'aides pour rentrer dans le zing", il ne s'est jamais vraiment plaint mais ne refusait aucun antalgique proposé. Pourtant, au début, il nous a fait peur : à l'aéroport de La Paz, il a présenté sueurs, tachycardie et polypnée : forcément, passer de 3600 m d'altitude à La Paz à l'aéroport situé à 4100 mètres, ça n'arrangeait pas sa fonction respiratoire. Il était sur son fauteuil roulant penché en avant, pâle, suant pendant que la police contrôlait nos bagages et nous demandaient mille papiers : compte-rendu médical, certificat d'autorisation de vol, papier d'identité, inscription à l'ordre des médecins,... Mais, une fois dans l'avion, il s'est senti tout de suite mieux. D'habitude, c'est l'inverse, l'avion étant pressurisé à une altitude correspondant à 1500 mètres, les patients se sentent moins bien une fois en l'air. Alors que là, cela faisait passer le patient de 4100 mètres à 1500 mètres
Rentrer dans le zing n'a pas été facile : le fauteuil roulant s'arrêtant à l'entrée de l'avion et l'équipage n'ayant pas de chaise permettant de circuler entre les rangées de fauteuil, il nous a fallu porter le patient qui essayait de sauter à cloche-pied de travers pour nous aider. De plus, avec ses côtes cassées, on ne pouvait le maintenir au niveau du thorax sans lui faire mal. Mais, il a pris sur lui et une fois assis, on a pu entendre un énorme soupir de soulagement. Une fois bien calé et jambes allongées, le voyage s'est passé sans problème. Lors de l'escale technique à Santa Cruz toujours en Bolivie, on a pu obtenir de l'équipage qu'il reste à bord. Ils ont du avoir pitié de nous en nous voyant progresser dans le couloir. Puis, à Miami, on a pu avoir une chaise permettant de circuler dans l'avion. Le vol Miami - Paris fut un vrai bonheur pour le patient : il a parfaitement bien dormi. Faut dire qu'on lui avait donné un somnifère et des antalgiques.
Et voilà un patient content de rentrer dans son pays. A nous maintenant de nous remettre de ces 5 jours de voyage et du décalage horaire.

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