Cette nuit : faut croire que tout allait par paire.
Les VSAV arrivaient par 2 : AVP VL/VL ayant entrainé 2 victimes : tranquille.
Puis arrivés d'un beau-père et de son gendre qui après avoir bu ensemble toute la soirée se "sont foutus sur la gueule". Fallait les entendre dans le même box d'examen comme larrons en foire : ils n'arrêtaient pas de rire. Le jeune avait été obligé par sa femme de prendre une douche, avait glissé dedans et s'était raccroché au rideau de douche qu'il avait détruit avec la fixation.
Plus tard, des parents nous amènent leurs 2 enfants fiévreux depuis une semaine : cela aurait été dommage d'attendre le lendemain...
Puis, un patient a été amené avec son épouse qui a tenté de le poignarder pendant son sommeil car il avait désiré se séparer d'elle la veille. Drôle d'ambiance : le mari avec des plaies multiples, profondes au niveau du cou, des épaules et des bras et dans un autre box sa femme qui ne désire plus parler et simule un état... de sommeil somme tout bien relatif (quelques stimulations permettant de la sortir de sa stupeur).
Après, 2 hommes avaient eu la bonne idée de se battre en état d'ébriété. Chacun revendiquant l'honneur d'en "avoir foutu plein la gueule à l'autre". Quand on faisait remarquer à l'un qu'il était pas très beau à voir, il nous disait tout de suite : "l'autre est pire". Hélas, je n'ai pas commencé par le plus simple : le premier que j'examine est calme avec une figure ressemblant à un boxer après match : bouffi, des hématomes ne me permettant pas de distinguer la couleur de ses yeux ni à quoi il devait bien ressembler avant. Essayer de sentir une éventuelle déformation osseuse est peine perdue. Pendant que je m'occupais de lui, des collègues para-médicaux viennent régulièrement me dire que l'adversaire de mon patient n'arrête pas de déambuler, de crier et veut partir alors qu'il a des plaies au visage à suturer.
A presque 23 heures de travail et malgré mes 2 heures de sommeil, je décide d'affronter cet énergumène, ivre, violent et énervé. Est ce le respect du à ma fonction ? Car c'est sur que ce n'est pas les 20 cm que j'avais en moins en hauteur, en largeur et en circonférence de biceps et de quadriceps qui lui faisaient peur. Malgré le "T'es qui toi ?" et le "Tu sais pas qui j'sui", il a accepté que je l'examine. Bien sur, les plaies devaient être désinfectées, parées et suturées. Cela aurait trop simple sinon.
Il s'allonge et me montre un tatouage représentant des idéogrammes sur sa jambe droite : "tu sais ce que c'est ça ?". Malgré mon envie d'en savoir plus, il me répond "No comment". Puis, me montrant un autre tatouage sur son avant-bras gauche : "Hell's Angels, tu connais ?". "C'est quoi au juste ?". "No comment". Décidément, que de mystère...
Pour plaisanter, je lui demande si il a un surnom au sein de son groupe les "Hell's Angels" genre "Gasoil", "Bitume", "Mazout" (pas très original, je sais mais je trouvais ça drôle). "Tu veux que j't'fasse un mazout", me dit-il avec un sourire en coin. "Euh... j'préfére pas savoir". "No comment". C'est peut-être ça son surnom. En tout cas, ça lui irait bien.
Après avoir fini mon travail de couture, il se rhabille, va aux toilettes d'où on peut entendre comme des coups dans le mur. On se retrouve à plusieurs derrière la porte lui demandant en plaisantant de ne pas tout casser. Vivement qu'il s'en aille... Je lui donne par la suite ces ordonnances qu'il me rend froissées, déchirées, en morceaux. Décidément, un homme bien sympathique.
Une fois parti, je constate que plusieurs patients sont arrivés pendant mes soins et que cela ne sert plus à rien que je m'en occupe : la relève va bientôt arriver. Ouf...
Bon, faut que je me mette à la musculation...
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