Cela fait 2 mois que j'ai quitté les urgences. Enfin presque, j'y retourne pour une à 2 gardes par mois. Mais, je ne risque pas d'en faire plus.
Ainsi, depuis 2 mois, j'ai intégré l'équipe de l'HAD, c'est à dire l'Hospitalisation A Domicile. Nous sommes 2 médecins associés à 8 infirmières et 4 aides-soignantes. Rien à voir avec ma précédente équipe...
Quand les gens me connaissant ont su que je changeais de service, leur première réaction était la surprise puis venait la fameuse question : "Tu vas pas t'ennuyer là-bas ?".
Effectivement, j'ai toujours voulu faire des urgences pour les situations extrêmes que l'on pouvait rencontrer. A tel point que j'ai fait pendant plusieurs années du secours en montagne avec la sécurité civile.
Et voilà, que je décidais de me caser dans un bureau après des années de travail de terrain. Il y avait de quoi être surpris.
Et, le premier jour leur donna raison. Comme d'habitude, je me suis dépêché pour arriver. Ce qui n'était vraiment pas nécessaire...
8h30 : ma collègue me présente le logiciel du service et les points importants à noter
9h30 : café
10h00 : présentation d'un autre logiciel permettant les demandes d'admission de patient
11h00 : visite virtuelle des patients. On aborde enfin le côté clinique du travail.
Et... 12h00 : repas
Hallucinant, une matinée de travail et pas un seul patient vu. Cela ne mettait jamais arrivé.
Après le repas, staff permettant une visite virtuelle des patients puis retour au bureau pour contacter les spécialistes, les familles, les médecins traitants et ajuster les traitements en cours.
Les premiers jours à l'HAD, je ressentais une sorte de stress permanent, conséquence de mes années de travail aux urgences où j'avais pris l'habitude d'être en état de stress permanent que je gérais. Je me posais en salle de pause régulièrement pour souffler et parfois, je prenais un peu l'air. Ce stress était surtout la peur de ne pas faire face à un trop grand nombre de patient. Je n'ai jamais aimé que les gens attendent ce qui me faisait travailler de plus en plus vite avec un risque d'erreur et de fatigue. Tout cela, j'en avais pris conscience au fur et à mesure et pour éviter le burn-out et l'erreur médicale, j'avais décidé de partir. Maintenant, j'arrive serein. Je prends mon café, vais dans mon bureau et prends connaissance des transmissions des IDE. Puis j'ajuste quelques traitements, appelle quelques médecins ou service, prends en compte les demandes d'admission et rends visite à quelques patients. Tout cela tranquillement. Je me sens mieux, plus détendu.
Je ne fais plus non plus des nuits ou des week-ends ni de jour férié. Ainsi, je vais pouvoir pour la première fois depuis plus de 15 ans avoir Noël et le jour de l'an.
Et non, je ne vais pas m'ennuyer...