samedi 10 mai 2014

Toute vie a une fin - suite et fin... -

Parfois, on a comme l'impression que le hasard fait bien les choses. Etant encore de smur avec la même infirmière que la dernière fois, nous revoilà déclenchés à nouveau pour une "fin de vie". Même motif de départ, même adresse et donc... même patient. Connaissant déjà la situation, on préfére cette fois téléphoner au samu afin d'en savoir plus. Ce dernier a été contacté par une infirmière responsable des soins palliatifs du patient et qui demande qu'une équipe intervienne pour "soulager le patient". Me rappelant bien le patient inconscient, déshydraté, fiévreux, je demande cash au médecin régulateur : "Tu me demandes de l'achever ?". Question provocatrice et inutile, mais je ne voyais pas pourquoi on y allait sinon.
Bref, nous revoilà parti. La Lune est à son premier quartier. Toujours pas d'étoiles...
Arrivés au domicile, la famille nous reconnait et semble plus apaisée que la dernière fois, rassurée également d'avoir affaire aux mêmes personnes. Tout comme le patient dont le visage est calme. Toujours inconscient, toujours pas alimenté, mais cette fois-ci, une équipe de soins palliatifs est passée et a mis en place morphine, scopolamine, nursing, extracteur d'oxygène. J'examine à nouveau le patient et pas besoin d'être bien sorcier pour se rendre compte qu'il fait des pauses respiratoires et que la fin est manifestement très proche.
La femme nous demande si il souffre et si il ne faudrait pas lui administrer quelque chose. Son époux ne semble pas souffrir et a déjà des effets secondaires dus à la morphine. Lui injecter quoi que ce soit risquerait de "l'achever". On sent bien que ce serait plutôt l'épouse qui serait soulagée.
On prend le temps de discuter et voir le patient dans son état nous fait de la peine. Aussi, nous décidons de lui administrer en sous-cutanée un peu de morphine. Au bout de plusieurs minutes, tout est fini et je n'ai plus qu'à remplir le certificat de décès.
Après les quelques mots de convenance, nous décidons de rentrer, la famille nous remerciant infiniment.

Que penser de tout cela... Je regrette que ce patient et sa famille n'aient pas été pris en charge dans de meilleures conditions, cela est aussi le cas pour beaucoup de personne en fin de vie. Dans ce cas, la famille a été très présente et désirait que tout se passe à leur domicile, ce qui ne fut pas le cas d'une autre patiente en phase terminale d'un cancer, amenée par une ambulance dans la même journée sur la demande de sa famille qui ne désirait pas qu'elle décède chez elle, dans son lit. Ce qui se passa au déchocage sur un brancard entouré de personnes qui ne la connaissaient pas depuis plus de 30 minutes.

Il parait que l'HAD de mon hôpital recherche un médecin et aimerait développer les soins palliatifs. Une piste à creuser peut-être...

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