mercredi 20 août 2014

Quand Wolff rencontre Parkinson et White

En Smur, on s'attend toujours et on espère faire des interventions intéressantes qui sous-entend qu'elles sont graves. Ce n'est pas que l'on le souhaite mais il faut avouer que l'on fait ce travail pour cela. Mais c'est malgré tout rare et souvent. Et alors que la fiche d'intervention nous signale un arrêt cardiaque par exemple, il est fréquent qu'il s'agisse en fait d'un malaise, d'une hypoglycémie ou d'une crise convulsive.
Ainsi, lorsque l'on prend le départ pour un arrêt cardiaque chez une femme de 36 ans, nous n'y croyons pas mais malgré tout, il faut faire confiance en la régulation et partir en pensant au pire. Pendant le trajet, un complément de bilan apporté par l'arrivée sur les lieux des pompiers confirme que la patiente de 36 ans est bel et bien en arrêt. Mince, 36 ans, qu'est ce qui a bien pu se passer pour que son coeur s'arrête ? De toute façon, il est clair qu'il faudra la transporter soit pour la mettre sous circulation extra-corporelle soit pour un éventuel prélèvement des organes. C'est triste d'y penser mais hélas, il est nécessaire d'anticiper et cela fait partie de notre travail
Une fois sur place, la patiente est allongée dans son salon avec les pompiers autour sans qu'aucun ne masse. Seul l'un d'entre eux est à la tête pour ballonner. Et pour cause, un pouls a été récupéré après 3 chocs électriques externes. Ouf !! Bonne nouvelle. Les pompiers m'expliquent qu'alors qu'elle discutait avec son mari, elle s'est effondré sans rien ressentir au préalable. Mais elle a récupèré un pouls et une bonne tension. A nous de la stabiliser pour la transporter au plus vite en réanimation. Elle n'a pas été massée tout de suite par son mari mais elle bouge ses bras et a récupéré une ventilation spontanée. Deuxième bonne nouvelle. On la sédate, je l'intube, on la place sous respirateur. Le premier ECG ne m'apporte aucune information sur l'origine de son arrêt. Je remarque que le coeur ne semble pas avoir souffert de son arrêt. Après avoir expliqué les risques au mari qui s'occupait alors de ses jeunes enfants, nous partons vers la réanimation. Je constate pendant le trajet une modification de son ECG : la patiente souffrait d'un Wolff-Parkinson-White, un trouble de la conduction cardiaque qui peut conduire à une mort subite.
Une fois la patiente transmise au réanimateur, on a tous ressenti le sentiment d'avoir fait quelque chose d'important et d'avoir aidé au mieux une jeune mère. Reste à connaitre les séquelles que son cerveau a subi

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