lundi 21 avril 2014

Urgences vide ou pleine ?

La semaine dernière, je travaillais de nuit. Quelques jours avant, je me disais que ce serait tranquille, que j'arriverais frais pour bien bosser 4 - 5 heures avant de couper la nuit avec mon collègue. Douze heures : c'est pas si long, pas si compliqué.
Et pour autant, je préfère faire 24 heures. Au moins, j'arrive le matin en sachant que c'est toujours calme, je travaille toute la journée, je fais mon taf et je sais où j'en suis. Quand arrive le soir, je continue, je suis dans le rythme. C'est un peu comme un marathon : pour finir la course, tout est une question de mental.
Quand je ne fais que la nuit, plus arrive l'heure fatidique du départ, plus je stresse. J'imagine le bazar aux urgences, les box d'examen remplis de patient âgés et compliqués, le déchocage plein sans possibilité de le vider, les équipes smur dehors toute la journée avec le secteur "court" débordant de conjonctivite, de plaies à suturer, de fractures à plâtrer, le secteur pédiatrie plein de gastro-entérite, de rhinite, de fièvre (encore une fois, je parle de pathologie. Cela peut paraître réducteur, mais cela correspond au motif de recours inscrit sur nos ordinateurs).
Bref, plus l'heure tourne, plus la journée avance, plus je tourne en rond, plus je ne pense qu'à ça. Je commence à faire quelque chose, mais je n'arrive pas à m'y mettre totalement, je n'ai pas la tête à ça. Alors, plus qu'une solution, y aller, et voir de mes propres yeux l'état des urgences. Ainsi, j'arrive en avance, parfois avec plus d'une heure d'avance. Et là, je me sens rassuré. Je peux enfin me mettre au taf. Le monde aux urgences ne dépend plus que de ma capacité à gérer les patients.

Le pire est que cette nuit s'est bien passé. Tranquille comme cela ne le fut plus depuis plusieurs semaines.

Le lendemain, tout cela m'a "chiffonné". Comment ou pourquoi faire ce travail si cela me met dans cet état ? Est-ce normal de stresser après plus de 12 ans de métier, alors que je connais mon métier, que rares sont les situations qui continuent à me stresser, et que l'équipe para-médicale tient la route. En fait, au fond, qu'est ce qui me stresse ? Les patients... ou plus exactement le nombre important de patients. C'est ça, j'apprécie de faire des urgences en ayant du temps pour bien prendre en charge chaque patient.  Cela parait évident, tout le monde apprécie de travailler en ayant du temps pour le faire. Ce qui est peut-être propre aux urgences est qu'on gère des êtres humains, qu'un nombre important de patients à gérer signifie plus de pathologies graves, donc un temps de prise en charge plus long, donc un temps d'attente pour gérer le reste plus important, donc des gens mécontents, des cris, voire des insultes. Il faut alors courir, téléphoner, trouver des places d'hospitalisation, appeler les spécialistes qui ne comprennent pas qu'on ne sache pas faire ce qui relève de leur spécialité et tout engendre beaucoup de stress...

En fait, je pense que je suis fatigué et que je ne vois pas pourquoi je continue à m'infliger cela. Masochisme ?

Faut que je change de taf...

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