samedi 20 avril 2013

Qu'on est bien chez soi...

Lorsque l'on cherche des malades à l'étranger, on ne peut qu'apprécier notre système de santé. Cela peut paraitre chauvin. Mais il y a quelques jours, j'ai pris l'avion pour chercher un patient en Egypte. La chambre ressemblait plus à une suite ou à un petit appartement avec un réfrigérateur, un canapé avec des fauteuils, une table basse, des rideaux, une grande salle de bains, des fleurs. Le patient est bien dans un lit médicalisé, mais c'est la seule chose qui évoque une chambre d'hôpital. Une perfusion avec son perfuseur trainait sur une table avec les médicaments. La famille au complet était très présente et s'occupait énormément du patient : le lavant, l'habillant, lui donnant à manger...
A aucun moment, je n'ai vu de médecin. Le fils du patient, qui parlait français m'a tout expliqué et avait récupéré le dossier avec radiographie, biologie et compte-rendu médical. Le patient avait été hospitalisé 3 fois sans que je comprenne quel était le diagnostic final ni le traitement qu'il avait reçu. Le fils a également appelé une infirmière, qui l'air désabusé, ne m'a donné aucun indication ou transmission. Quand j'ai demandé à parler à un médecin, elle a eu l'air ennuyé et m'a dit qu'il n'était pas là. Elle m'a fait la liste des médicaments avec les posologies et la fréquence d'administration... en arabe. Normal, c'est ça la langue maternelle. Heureusement, le fils m'a tout traduit.
Avec l'aide des ambulanciers, nous avons pu installer le patient. L'infirmière a tenu à récupérer le drap et la tenue du patient. Une fois dans l'ambulance, c'est un autre monde : les ambulanciers disposent d'énormément de matériel : défibrillateur, aspirateur de mucosités, respirateur, pousse-seringue, tensiomètre. Tout est daté et ne semble pas avoir servi depuis longtemps. Je sais par expérience qu'en général, les appareils ne fonctionnent pas. Les tiroirs débordent de gants, compresses, antiseptiques tachés et mal rangés. La bouteille d'oxygène présente des traces de rouille. A ce moment, je n'ose toucher à rien et me lave régulièrement les mains. Il n'y a pas de raison, mais faut voir l'état de propreté de l'ensemble pour ne pas avoir envie de porter ses mains à ses yeux ou à sa bouche.
J'ai souvent le sentiment de ramener ses patients plus pour les extraire d'un milieu difficile et leur permettre d'être correctement soigné que pour juste les ramener en France. Bien sur, on peut penser que j'exagère, qu'il n'y a pas de raison que les médecins égyptiens soient moins bons que les médecins français. Mais je prends régulièrement des nouvelles des patients que je ramène et dans le cas de ce patient : les examens ont été refaits, le traitement modifié et il va déjà mieux...

Ceci est un exemple parmi d'autres et j'aurai largement le loisir de vous reparler de cas similaire.

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