jeudi 11 avril 2013

Des lits, des lits...

Le Monde.fr a publié un article (vous avez un lien dans mes "liens") sur le problème des lits aux urgences de l'hôpital de Bichat. C'est un problème chronique présent dans toutes les unités d'urgence.
C'est une de mes angoisses perpétuelles : trouver des lits pour mes patients.
Dans le monde idéal des urgences (tel que se le représentent les élites nationales) : les personnes se présentant sont examinées, prélevées, radiographiées et en fonction des résultats soit elles repartent soulagées soit elles sont hospitalisées. Et voilà où le bât blesse : c'est que pour qu'elles soient hospitalisées, il faut des lits disponibles dans les services et la vérité est qu'il y a en général plus de gens à hospitaliser que de gens qui partent de l'hôpital et que les murs d'un hôpital ne sont pas extensibles ni les lits superposables (cela pourrait être une solution...)...
Alors, au cours d'une journée aux urgences, c'est la hantise : dés le matin : médecins et infirmiers se demandent les uns les autres : "On a des lits aujourd'hui ?". Le cadre fait son "tour des lits" dés 11 heures alors que même les visites ne sont pas encore finies, mais bon voilà on a les patients de la nuit ou de l'UHCD à hospitaliser.
Et régulièrement au cours de la journée, on n'hésite pas à rappeler pour savoir ce qui en est. Parce qu'il n'y a pas que les urgences qui hospitalisent : les praticiens des services lors de leur consultation ou les médecins extérieurs peuvent "réserver" un lit et du coup, nous avons parfois la surprise d'apprendre que le lit que nous avions retenu n'est plus libre et il faut alors tout recommencer à zéro.
Par ailleurs, dans le monde idéal : le patient présentant une pathologie est hospitalisé dans le service spécialisé dans cette pathologie. Hélas, il n'y a pas toujours de la place dans le service correspondant. D'où, une incompréhension légitime de la part du patient et de sa famille, encore plus, lorsqu'il a l'habitude ou lorsqu'il connait le médecin d'un service.
Quand arrivent le soir et la nuit : l'angoisse augmente... Car soit il reste encore des places mais elles sont chères, soit dans le pire des cas, il n'y a plus de place et il va falloir que les patients passent la nuit sur des brancards. Comment accepter qu'une personne âgée avec ces douleurs chroniques et ces difficultés à se déplacer passe la nuit sur un brancard !! Et plus la nuit avance, plus ça s'accumule : une "douleur thoracique" à garder pour un cycle tropinine, une "tachycardie" à garder scopée au déchocage, une "douleur abdominale" en attente d'une échographie,...
C'est pourquoi, chaque structure d'urgence a crée des zones d'hospitalisation appelées "UHCD", UHTCD", "UTH" gérées par des urgentistes pour les urgentistes, c'est à dire pour que l'on puisse disposer de lit pour nos patients avec une durée d'hospitalisation ne devant pas dépasser 24 heures. Certains services ont même créé des zones intermédiaires entre le service d'accueil et l'UHCD ("ZSTCD") et entre l'UHCD et les services ("Post-Urgence"). Tout cela pour pallier au manque chronique de lit.
Et voilà, une fois le matin, faut transmettre les patients restés aux urgences la nuit faute de place au collègue arrivant tout frais dispo dont l'une des premières questions sera : "On a des lits aujourd'hui ?".

On est bien loin du monde idéal...

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