lundi 1 avril 2013

Dr Thierry Costa

Je viens d'apprendre le suicide du Dr Thierry Costa, médecin urgentiste, exerçant en hôpital et dans un cabinet. Il était notamment depuis 4 saisons le médecin de l'émission "Koh Lanta" et est intervenu lors de la mort d'un candidat au cours du premier jour du tournage.
Dans une lettre, il s'estime sali par les accusations publiées dans les médias.
Il est difficile d'intervenir sur un arrêt cardiaque non seulement à cause de la situation clinique mais aussi pour le ressenti et la gestion des proches ainsi que son propre ressenti. Je n'ose pas imaginer une telle situation dans un endroit aussi isolé que le tournage de Koh Lanta avec autant de regard et de pression.
On voit souvent le médecin comme un être froid, professionnel et sans émotion. On dit souvent que la médecine manque de considération pour la personne propre du patient et d'humanité (n'est ce pas un comble...). Ce n'est qu'une façade. On nous demande de croire en ce que nous faisons, parce qu'il est nécessaire que le patient y croit aussi. Nous mettons une certaine distance entre lui et nous du fait de notre fonction, du manque de temps, de la nécessité de ne pas s'impliquer. Mais il n'est pas nécessaire de s'occuper d'un patient pendant des mois pour tisser des liens. Intervenir sur un arrêt cardiaque nous renvoie selon les cas à notre propre mort ou (et c'est encore pire) à celle de nos enfants, parents, amis, grands-parents. Chaque infarctus du myocarde que je traite me renvoie à mon grand-père (que j'ai vu progressivement se dégrader après avoir fait plusieurs infarctus du myocarde qui n'ont pas été traités comme on le fait actuellement). Je me rappelle d'une personne de 85 ans que je n'ai pas réussi à réanimer. Une fois le décès déclaré, j'ai levé les yeux et vu les murs de son appartement : on y voyait des photos de lui et de sa femme en 1940 puis en 1950 avec un enfant, en 1960 avec 2 enfants et cela tous les 10 ans : on les voyait vieillir et leurs enfants grandir. La dernière photo le montrait entouré de tous ces enfants et petits-enfants. On voyait aussi des médailles (il était officier dans l'armée), une carapace de tortue de La Réunion ainsi que d'autres souvenirs provenant des 4 coins de la Terre. Je me suis rendu compte qu'il avait été quelqu'un de très important pour ses proches et que sa vie avait été bien remplie et j'ai alors regretté de ne pas l'avoir connu avant. Comme disait mon grand-père : "lorsqu'un homme meurt, c'est une bibliothèque qui brule" (je sais que ce n'est pas de lui, mais cette phrase reste indissociable de mon grand-père). 
Pour en revenir au Dr Thierry Costa, je ne sais pas ce qui s'est passé. Mais je ne comprends pas que des personnes étrangères à la médecine puissent porter un jugement sur les actes du Dr Costa ni que cela soit relayé par les médias. C'est tellement facile... N'empêche que maintenant, un médecin est décédé et on ne peut que le regretter.

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