samedi 6 avril 2013

3 heures...

Bon, 3 heures d'attente aux urgences un vendredi soir... Soit... Allez, on met les bouchées doubles et si ça se calme, on pourra peut-être se poser vers 2 - 3 heures du matin.

A 22 heures, j'inscris simultanément mon nom sur 4 patients :
  -  le premier : un homme d'une cinquantaine d'années avec de la fièvre depuis 3 jours. "Vous n'avez pas vu de médecin ?   - Non   - ..."
  -  la deuxième : malaises sans perte de connaissance. "Vous en avez déjà fait ?   - Ben, cela fait plusieurs mois que j'en fais de temps en temps...   - ..." Après l'avoir examiné, je lui explique que je pense à une hypotension artérielle et pour faire simple, un manque d'oxygène au niveau cérébrale "Il y a 3 ans, un médecin m'en avait parlé   - 3 ans ?   - Oui, cela fait 3 ans que j'en fais  - ..."
  - la troisième : réaction cutanée suite à la prise d'un médicament depuis 3 jours : "J'ai des plaques après que je prenne un comprimé puis cela passe et quand j'en reprend un, cela recommence". Je me demande pourquoi elle n'a pas arrêté d'en prendre, mais bon, je me retiens de la questionner, mais je lui demande pourquoi elle ne vient que ce soir à 23 heures (le temps passe aux urgences) : "Je me suis inquiété ce matin quand j'ai eu des plaques au cou   - Et... pourquoi ne venir que ce soir ?   - Je travaillais   - ..." J'aurais du m'abstenir de poser cette question
  - la quatrième : fièvre depuis 3 jours. "Vous n'avez pas vu de médecin ?   - Je n'ai pas de médecin traitant   - Et vous comptez venir systématiquement aux urgences si vous avez un problème de santé ?" Je n'ai pas pu m'en empêcher : 4 patients qui auraient pu et auraient du voir leur médecin traitant, du moins un médecin ont mis ma patience à bout...

En 1 heure 30, j'ai réussi à examiner et à traiter 4 patients qui ne relevaient pas des urgences. Tiens, une infirmière me demande de venir au déchocage pour une douleur thoracique. Qui sait ? Peut-être enfin une vraie urgence : une femme de 54 ans a mal au thorax "Quand cela a commencé ?   - Une semaine   - En continu ?   - Oui   - Et vous avez pris quelque chose pour la douleur   - Non". Finalement, toujours pas d'urgence... Je sens que la nuit va être longue, très longue...

Et après, les gens s'étonnent d'attendre 3 heures aux urgences. Pour ma part, je trouve cela fou... Alors, je fais au mieux, je vais plus vite, j'en vois 6 - 7 en même temps, je prescris biologie et radiographie, je vois les familles, rédige les ordonnances et les courriers de sortie. Avec le sentiment de prendre des risques inutiles : prendre le risque d'oublier une orientation diagnostique, une radiologie ou un examen de laboratoire importants, de prescrire un traitement inadéquat. Et qu'est ce que cela me rapporte : rien, strictement rien. Je le sais et aussi qu'à la moindre merde, c'est sur moi que cela retentira. C'est juste que cela m'emmerde de voir des gens attendre alors que leur prise en charge peut être rapide...
Alors, pour me rassurer, quelques jours après une garde, je lis les comptes-rendus d'hospitalisation des patients que j'ai fait hospitaliser et parfois je rappelle certains patients pour lesquels j'ai eu un doute diagnostique.

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