À côté des urgences, j'effectue des rapatriements sanitaires. Et cela depuis 2 ans.
Avant cela, je travaillais à temps plein, mais la succession des jours et des gardes, le manque de sommeil, le stress s'accumulant et engendré par la quantité toujours plus importante de patient et la gravité de certaines pathologies ainsi que la peur de passer à côté de quelque chose de plus grave qu'évoquer au premier abord sans compter les quelques plaintes et la faible reconnaissance des patients et de l'administration de l'hôpital ont fait que pour ma santé physique et mentale, pour mon moral et pour éviter que tout cela ne retentisse sur mes proches, j'ai décidé de passer à mi-temps. Encore qu'un mi-temps correspond à travailler 24 heures par semaine (comme un temps plein de professeur des écoles...). Cela en théorie : car avec le manque d'urgentiste, il nous arrive de travailler jusqu'à 60 heures (soit plus qu'un temps plein !!!) par semaine.
Pourquoi ne pas arrêter alors ? Je suis medecin, donc je gagne bien ma vie (les idées reçues ont la vie dure...), je ne connais pas le chômage, je pourrais m'installer en cabinet ou ne faire que des rapatriements... Alors pourquoi ne pas arrêter ?
Et ben, je ne peux pas arrêter car j'aime mon métier (et oui...) et passer du temps avec mon équipe et mes patients et je n'ai pas usé tous mes fonds de pantalon sur les bancs de la fac pour rien. J'aime traiter des cas graves (c'est la finalité du métier d'urgentiste), suer dans ma blouse pour sauver une personne qui a été éjecté par une voiture, monter 4 par 4 les escaliers pour arriver le plus vite possible au 4ème étage pour un arrêt cardiaque. Mais... je n'aime pas inciser un panaris à 3 heures du matin, ni renouveler une ordonnance.
Bref, je fais des rapatriements sanitaires et cela n'a rien à voir. Je ne gère qu'un patient à la fois, je prends le temps de discuter avec, de le comprendre, de lui expliquer ce qu'il a eu et ce qui l'attend. Souvent, je dois lui expliquer ce qui s'est passé aux urgences, pourquoi il a attendu, pourquoi personne ne lui a rien dit (hélas) sur ce qui se passait, pourquoi il n'a pas eu de chambre rapidement...
Cela m'aide à faire des efforts envers les patients que je traite par la suite à l'hôpital et me rappeler qu'ils sont des personnes avant tout et non "encore une entorse de genou au ski" ou "ieme alcoolisation sur la voie publique"....
C'est pour çà que j'aimais travailler avec toi aux urgences il y a 9 10 ans !
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