vendredi 22 mars 2013

Un verre ça va...

J'ai lu un article qui expliquait qu'il y a une augmentation de 30% des hospitalisations liées à l'alcool en 3 ans. Souvent, autour de moi, on me demande les problèmes que je peux avoir avec la drogue aux urgences. Sous-entendu : héroïne, cocaïne et surtout cannabis. On sait tous que cette dernière est très répandu, menace nos enfants à l'école et est responsable d'accident de la route, de retard scolaire, voire même de schizophrénie (vaste débats). Bref, on me demande donc souvent si on reçoit beaucoup de jeunes intoxiqués.
Ma réponse a tendance à les surprendre : oui, c'est vrai, on a un réel problème de drogues aux urgences ; oui, c'est vrai, on accueille beaucoup d'intoxiqués. Mais ce sont des intoxiqués à l'alcool :
- ivresse sur la voie publique amenée par la police
- jeunes en état d'ébriété amenés par les pompiers ou des amis
- accident de la route du du moins en partie à l'alcool
- accident du travail
- malaise à domicile ou lors d'un repas
- sans oublier toutes les conséquences de l'alcoolisme chronique : cirrhose, cancer, hémorragie digestive, dépression, Korsakoff, décès

Et oui, pas facile d'être alcoolique...
Bref, notre plus gros problème de drogue concerne l'alcool et en plus c'est en vente libre (on n'imagine pas une seule seconde des bureaux de cannabis) et cela ne choque personne qu'une drogue aussi dépendante et causant autant de problème de santé publique puisse être vendu.
J'ai coutume de dire que si tous les alcooliques fumaient du cannabis au lieu de boire, on aurait beaucoup moins de problème : ils seraient tous affalés dans leur canapé au lieu de se taper dessus...
Au lieu de cela, régulièrement, des familles nous amènent un patient pour un sevrage. Les proches sont inquiets et surtout ne savent plus à qui faire appel pour sauver leur frère, sœur, femme, fils ou ami du naufrage par l'alcool. Les urgences leur semble sinon une solution du moins une porte d'entrée pour l'hôpital. Et grande est leur déception de s'entendre dire que cela ne peut se faire en urgence, que cela se prépare et se programme pour se donner toutes les chances de réussite. Évidemment, encore une fois, on passe pour des assassins : "il n'a plus qu'à mourir", "il est en train de se tuer", "bravo, elle est belle la médecine !!". Le plus drôle (ou le plus triste plutôt), est que la personne devant se faire désintoxiquer est à ce moment là sous l'emprise de l'alcool et vous dit d'une voix ébrieuse ce que ces proches ont réussi à obtenir : il veut bien essayer. Difficile de le croire...

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