jeudi 7 mars 2013

"Ils sont obligés de vous prendre"

Comme je l'ai dit, j'effectue des rapatriements, ce qui me permet d'avoir une autre relation avec le patient et de découvrir leur impression sur les urgences.
La semaine dernière, j'ai rapatrié une patiente sur une clinique située non loin de Paris. Arrivé dans le service, l'infirmière nous signale qu'elle ne nous attendait pas si tôt et que le "lit n'est pas prêt" (c'est fou le nombre de fois que j'ai pu entendre cette phrase...). En général, lorsque ce cas se présente, on installe la patiente en salle d'attente le temps que le lit soit prêt.  Ce qui aurait été possible même si il fallait de l'oxygène. Mais non , cette fois-ci, ce n'était pas possible et j'entends alors de la part de l'infirmière cette phrase magique : "vous n'allez qu'à aller aux urgences". Suis-je bête, pourquoi n'y ai je pas pensé plus tôt... C'était évident pourtant. Comme le lit n'était pas prêt pour la patiente qui était hospitalisé dans un précédent hôpital depuis 2 semaines aux urgences, en réanimation puis en pneumologie, alors qu'elle était attendu et prévu, autant aller aux urgences... Logique... Comme si c'était leur travail de faire de l'hébergement, du gardiennage, comme si c'était une salle d'attente.
Travaillant moi-même aux urgences et me mettant à la place de mes confrères de la clinique, je m'insurge, je m'exclame. L'infirmière décide de demander au médecin du service qui évidemment confirme et me dit cette phrase qui résume tout : "De toute façon, ils sont obligés de vous prendre !!". Cela résume bien ce que les gens peuvent penser des urgences : on ne se pose pas de questions et on y  va car ils sont obligés de vous prendre !!!

Bien sûr, parce que, nous, urgentistes, on pense à la patiente qui a fait 6 heures de route en ambulance et qui n'a pas envie de faire encore des allers-retours dans la clinique où elle était attendue...

Evidemment, la suite de l'histoire va de soi. Pas le choix, nous sommes allés aux urgences. L'infirmière et le médecin offusqués, ont d'abord refusé et après avoir appelé le médecin du service, se sont occupés de la patiente alors que le service était plein. Merci à eux...

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