dimanche 17 mars 2013

Retour à la case départ

L'avantage de travailler aux urgences, c'est que l'on recommence toujours à partir de zéro. C'est à dire que vous n'avez pas de patients à suivre, à revoir dans votre service ou en consultation. Pour chaque journée ou nuit de travail, vous avez toujours affaire à de nouveaux patients, de nouvelles pathologies, de nouvelles familles et à de nouvelles situations auxquelles il faut apporter une solution rapide et adaptée.

Et ainsi, dès que vous avez fini votre taf, vous n'avez plus qu'à partir en sachant que l'on n'aurez pas à revoir tous ceux que vous avez rencontré et soigné. Sincèrement, c'est plutôt un avantage : pas de maison de retraite ou de repos à trouver depuis un mois pour une personne âgée démente et grabataire que personne ne veut, pas à revoir ce patient dépressif aux tendances suicidaires qui refuse d'être hospitalisé, ni celui alcoolique qui nie son addiction et dont la famille veut absolument faire hospitaliser pour le sevrer (ce qui a alors toutes les chances d'échouer, mais l'expliquer conduit à s'entendre dire qu'on veut rien faire pour lui et qu'il n'a plus qu'à mourir...).

L'inconvénient est la méconnaissance du devenir de nos patients pris en charge aux urgences. Si on ne cherche pas par nous-mêmes à obtenir des informations, on ne sait que rarement ce qu'ils deviennent et quand on le sait, c'est qu'en général, on s'est trompé ou qu'on a oublié quelque chose. Ce n'est que rarement qu'un patient ou sa famille nous remercie de notre prise en charge. Ce n'est pas cela que l'on recherche, mais malgré tous les défauts que peuvent avoir les structures d'urgence, ceux qui y travaillent essaient souvent de faire de leur mieux avec les moyens qu'on leur donne et un peu de reconnaissance est toujours la bienvenue et permet de continuer le "combat". Cet inconvénient peut nous empêcher de progresser : on peut ainsi examiner toujours de la même façon un genou traumatisé ou une douleur abdominal (je parle bien sur d'un patient présentant un traumatisme au genou ou une douleur abdominale. Cela peut paraître réducteur de ne voir d'un malade que son problème médical, mais c'est une façon de parler et non de voir) et reproduire sans cesse les mêmes gestes sans savoir que l'on ne fait pas bien. Et cela est aussi le cas pour le traitement : on peut traiter un infarctus comme on l'a appris il y a 10 ans sans savoir que la médecine a évolué, si on ne se tient pas au courant ou si on ne se discute pas avec des confrères. Bref la médecine évolue, change et il est important de nous tenir à la page et cela est un devoir, mais il faut trouver le temps de le faire.

Bref, dans mon cas, après être sorti des urgences ce matin, retour à la case départ demain...

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