Nous, urgentistes, devons connaître les urgences des différentes spécialités.
Mais les urgences ont évolué : nous devons également faire face et trouver une solution pour des problèmes ne relevant pas, mais alors, absolument pas des urgences, que cela concerne l'ORL (bouchon de cérumen) ou la dermatologie (eczéma, psoriasis). Ainsi, nous avons appris à y faire face, mais beaucoup de cas demande un savoir plus poussé et nous devons alors faire appel aux spécialistes.
Très souvent, j'envie ces praticiens, super pointus dans un domaine bien particulier alors que nous, pauvres urgentistes, devons savoir beaucoup de choses dans beaucoup de domaines. Il ne faut pas croire que l'on appelle les spécialistes pour un oui, pour un non. Très souvent, quand on hésite à décrocher notre téléphone, on réfléchit, on en parle aux collègues, voire on consulte internet (un comble...). Tout cela parce qu'on ne veut pas déranger le spécialiste pour rien. Car on a parfois le sentiment de les gêner : leurs réponses sont parfois très brèves, laconiques, expéditives, sans présentation (la personne ne dit pas bonjour ni au revoir). On a parfois l'impression que notre problème est sans importance, qu'ils gèrent des cas bien plus graves et plus urgents. Et encore, sans pire la nuit,
Bien sur, je ne désire pas faire de généralité, mais ce sentiment est partagé par nombre de mes collègues. La relation avec les spécialistes est un sujet souvent évoqué lors d'échanges inter-hospitaliers.
J'en parle car pour trouver une solution pour une patiente de 50 ans qui avait reçu un plomb au visage à 1 cm de son oeil (après une soirée avec son mari, ce dernier jouait avec son fusil et malencontreusement le coup est parti. Oui... l'histoire semble bien fumeuse, mais je n'ai pas voulu approfondir), j'ai du appeler un spécialiste. Bref, il est quasiment 23h et je n'arrive pas à retirer le plomb après une anesthésie locale. Je préfère m'en référer au spécialiste à savoir un ORL. Je savais bien qu'il n'y avait aucune urgence mais bon, je me suis dit "peut-être est-il sur place et disponible ?". Evidemment, je me suis bien trompé mais sa réponse m'a surpris : "beaucoup de gens vivent avec un plomb toute leur vie...". C'est tellement facile d'en avoir rien à faire, comme si j'allais dire sa réponse à la patiente. Une femme de 50 ans : "Et ben, on va laisser ce plomb à 1 cm de votre oeil et puis si ça se trouve, ça ne se verra pas..."
J'aimerais bien, qu'ils se mettent à notre place, qu'ils comprennent notre travail, que nos patients sont aussi importants que les leurs et que dans les conditions des urgences, nous devons bien pouvoir apporter une réponse au problème de nos patients et que cette réponse ne peut pas attendre le lendemain. Mais bon ceci est un voeu pieux. Et encore, je ne suis pas à plaindre.
T'avais qu'à faire appel à un Maxillo..Y a pas idée d'appeler un déboucheur de Cérumen pour une plaie faciale. J'vous jure..Ca t'apprendra.
RépondreSupprimerSans rancune aucune mon cher Arnaud.