Un samedi, lors d'une de mes dernières gardes (soit 24 heures d'affilée), je n'étais pas très disposé. Comprendre que je n'étais pas très conciliant et en avais ras le bol des entrées pour "tout et n'importe quoi".
Bref, je décide d'aller examiner une patiente dont le motif de recours est "douleur au niveau d'une cicatrice de césarienne d'il y a un an depuis 10 jours". Je savais que cela partait mal d'emblée, mais bon, sans vouloir chercher les ennuis, je n'avais rien d'urgent en cours (ce qui correspond à 90 % de mon temps de travail).
Bref, en entrant dans le box, je vois une patiente assise nonchalamment en train de jouer avec son portable. Au premier regard : pas de signes de gravité et une douleur ne semblant pas intense (au premier regard...).
Bref, après m'être présenté, je lui demande ce qui lui arrive
"- j'ai eu une césarienne il y a un an. Et la cicatrice me fait mal
- depuis combien de temps, lui demandais-je,
- environ 10 jours,
- qu'en pense votre médecin ?
- je n'ai pas vu mon médecin
- pourquoi ?
- je n'ai pas eu le temps, je travaille,
- mais pourquoi venir maintenant ? et ne pas attendre de consulter votre médecin ?
- parce que je suis inquiète
- vous n'étiez pas inquiète avant ?
- si mais je travaillais.
Comme je vous l'ai dit, je n'étais vraiment pas disposé. En général, je ne me prends pas la tête et me dis qu'on est là pour rassurer les gens et je ne pousse pas très loin la discussion. Mais bon, parfois, on en a marre. Cette patiente avait tout le temps de prendre rendez-vous avec un médecin, mais voilà, elle travaille et vient le week-end aux urgences parce que c'est plus facile : pas de rendez-vous, vous êtes sur d'être pris et si il y a besoin de radio, biologie ou avis spécialisé, c'est sur place. Et ben, parfois, je me dis que c'est trop facile et hélas, une personne "paye" pour toutes les autres. On a beau être médecin, avoir de l'empathie pour les gens et aimer notre travail, on est aussi humain et le ras le bol peut nous prendre. Pour preuve : tous les mouvements de démission, de grève en cours dans différents services d'urgence de France.
Faudrait que parfois les gens réfléchissent et se mettent à notre place. Mais cela n'est pas prêt d'arriver.
jeudi 28 février 2013
vendredi 22 février 2013
Affiche anglaise
Voilà un peu notre ressenti question soignant dans un service d'urgence : beaucoup de patient venant pour tout et surtout pour n'importe quoi ralentissant les urgences et pouvant limiter l'accès aux soins des vrais urgences qui eux ne devraient pas attendre. On a beau avoir mis une infirmière (ou infirmier) à l'accueil pour faire un tri et permettre aux urgences de ne pas attendre, quand vous avez 6 personnes qui font la queue, vous ne savez pas tout de suite que le 6ème de la file est le plus grave.En tout cas, faut absolument que les 5 premiers comprennent qu'ils peuvent et doivent attendre pour que l'on s'occupe convenablement du 6ème. Hélas, ils ne voient que leur cas qui est évidemment urgent (l'on parle alors d'urgence ressentie c'est à dire d'urgence subjective...).Enfin, j'ose espérer que cette population ne reflète pas la population générale...
samedi 16 février 2013
"j'ai mal depuis 4 mois"
Régulièrement des patients viennent pour des troubles évoluant depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines quand ce ne sont pas des mois. Cela parait incroyable : "j'ai mal à l'épaule droite. Cela fait 4 mois, alors j'aimerai bien savoir ce que j'ai". Et alors une chose étonnante doit surgir dans l'esprit des patients : cette durée parfois très longue évoque pour eux un degré élevé d'urgence : "c'est urgent, cela fait quand même 4 mois. J'aimerai bien savoir ce que j'ai". Il est alors de notre devoir de leur expliquer 2 choses :
- 1 - nous faisons des urgences. Et une durée chronique nécessite effectivement des investigations, mais surement pas aux urgences et en urgence,
- 2 - en 4 mois, il aurait bien pu prendre rendez-vous avec son médecin, un spécialiste et réaliser les examens nécessaires.
Mais peut-être que je m'y prend mal, mais évoquer seulement le premier point soulève une indignation de la part du patient : "quoi, mais vous servez à quoi alors ?" (effectivement, on sert à quoi ? à faire des arrêt de travail le lundi matin ; à recueillir tous les gens ivres le samedi soir et les SDF par période de grand froid) ; "je veux savoir ce que j'ai alors je veux avoir une radio !!" (et le s'il te plait ?). J'ai alors le sentiment que l'on nous prend pour des distributeurs d'examen : un scanner ? bien sur, monsieur, 1er couloir à droite. Un test de grossesse ? c'est tout droit. Un arrêt de travail de 1 mois ? je vous le fais dans 5 minutes. Et quand j'en arrive au deuxième point, j'ai droit soit à des excuses plus ou moins foireuses : "j'étais en vacances et là ou j'étais, je ne pouvais pas avoir de médecin", "je travaille et n'ai pas le temps", soit à des attaques : "vous voulez pas travailler ou quoi ?" (j'ai été formé à l'urgence, je suis urgentiste, je travaille dans un service d'urgence, je veux juste faire des urgences, pas des renouvellements d'ordonnance ou des arrêts de travail...), "j'ai cotisé toute ma vie, j'y ai droit" (et après on s'étonne du trou de la sécu...).
Ils ne comprennent pas qu'on veut bien les aider et c'est ce que nous faisons en éliminant d'abord une éventuelle urgence et ensuite en les redirigeant vers la filière adaptée. Nous sommes urgentistes, pas rhumatologues, ophtalmologues ou ORL. Nous ne savons faire que des urgences, donc le patient sera mal examiné, les examens peut-être mal adaptés et le traitement surement inefficace. Et sur qui va t-on se plaindre en cas de mauvais traitements : sur l'urgentiste qui n'avait pas à s'occuper de ce cas si il n'en était pas capable. Et c'est bien cela que nous redoutons.
Alors pourquoi les gens se présentent-ils aux urgences pour ce genre de pathologie ? Parce que dans la tête des gens : probablement, que urgence rime avec rapidité : en allant aux urgences, je serai pris en charge rapidement, je pourrai voir un cardiologue, un rhumatologue. Peut-être croient ils que les spécialistes attendent juste derrière la porte d'entrée. Ce qui est dommage est que nous n'arrivons pas à leur expliquer nos raisons de ne pas leur faire d'examens. On a le sentiment que les urgences ne servent qu'à faire des examens, que notre examen médical ne sert à rien, que notre compétence n'est pas reconnue.
Et cela devient de plus en plus fréquent et de plus en plus difficile à accepter. Aussi, résignés, souvent nous faisons les examens avec parfois des commentaires narquois ou ironiques de la part de nos confrères spécialistes qui ne comprennent pas qu'on ait pu accepter cela.
Il faudrait éduquer le public, leur expliquer comment fonctionne le système de soins... C'est pas gagné et cela ne fait que s'aggraver....
vendredi 8 février 2013
"Allez aux urgences"
L'avantage avec les urgences est que c'est ouvert tous les jours, toutes les nuits, tous les weeks-ends et tous les jours fériés. C'est magnifique : jamais de fermeture annuelle, jamais d'inventaire, pas de prise de rendez-vous, pas besoin de téléphoner.
Suffit de se présenter...
Ainsi, maintenant, on entend régulièrement les patients nous dire : "comme je ne pouvais pas avoir de rendez-vous avant plusieurs semaines, la secrétaire m'a dit d'aller aux urgences" - "mon médecin m'a dit de venir aux urgences pour avoir une radio" - "j'ai téléphoné à mon médecin qui ne pouvait pas me recevoir et qui m'a dit de venir aux urgences" - "comme mon ophtalmologue ne pouvait pas me prendre avant 2 mois, je viens vous voir" - "je dois faire un bilan cardio tous les 6 mois et cela fait déjà 6 mois, je viens voir un cardiologue" - "faut que je fasse un scanner, mais je n'arrive pas à avoir un rendez vous rapidement"
Voilà, maintenant, les gens viennent comme ils vont au supermarché : ils veulent un scanner, un bilan, un avis spécialisé et cela ils le veulent rapidement. Comme peut-on continuer à faire des urgences dans ces conditions ? Car, comme nous voyons toute personne se présentant aux urgences, il faut bien que nous les examinions, tapions un dossier et cela sans contexte d'urgence le plus souvent. Ainsi, non seulement, ils n'ont pas leur "place" dans un service d'urgence, mais comme nous faisons notre travail : l'infirmière passant du temps à les recevoir ; l'aide-soignante à les installer, à les bilanter ; le médecin à les examiner et à rédiger un dossier. Et cela prend du temps, beaucoup de temps même si on entend souvent "il faut juste que j'ai un scanner" - "je dois seulement voir un ORL"... Ainsi, au final, les gens attendent parfois 2 voire 3 heures sans comprendre pourquoi. Nous n'avons pas forcément des urgences, mais simplement beaucoup de patients sans aucune gravité à gèrer.
On a un sentiment "d'assistanat", de facilité : c'est tellement plus facile de venir aux urgences pour une radiographie, un bilan, un avis spécialisé. Plus besoin de prendre rendez vous chez le médecin ou le spécialiste, plus besoin d'attendre les résultats du laboratoire ou de cabinet de radiologie. Faut juste être patient aux urgences...
On se demande régulièrement : "mais comment faisaient les gens avant ?". Avant : il existait des médecins de garde toute la nuit. Avant, les gens préféraient attendre le lendemain. Et avant, on a tendance à croire que les patients étaient moins pressés, voire avaient plus de bon sens...
Bref : heureusement que nous sommes ouverts...
Suffit de se présenter...
Ainsi, maintenant, on entend régulièrement les patients nous dire : "comme je ne pouvais pas avoir de rendez-vous avant plusieurs semaines, la secrétaire m'a dit d'aller aux urgences" - "mon médecin m'a dit de venir aux urgences pour avoir une radio" - "j'ai téléphoné à mon médecin qui ne pouvait pas me recevoir et qui m'a dit de venir aux urgences" - "comme mon ophtalmologue ne pouvait pas me prendre avant 2 mois, je viens vous voir" - "je dois faire un bilan cardio tous les 6 mois et cela fait déjà 6 mois, je viens voir un cardiologue" - "faut que je fasse un scanner, mais je n'arrive pas à avoir un rendez vous rapidement"
Voilà, maintenant, les gens viennent comme ils vont au supermarché : ils veulent un scanner, un bilan, un avis spécialisé et cela ils le veulent rapidement. Comme peut-on continuer à faire des urgences dans ces conditions ? Car, comme nous voyons toute personne se présentant aux urgences, il faut bien que nous les examinions, tapions un dossier et cela sans contexte d'urgence le plus souvent. Ainsi, non seulement, ils n'ont pas leur "place" dans un service d'urgence, mais comme nous faisons notre travail : l'infirmière passant du temps à les recevoir ; l'aide-soignante à les installer, à les bilanter ; le médecin à les examiner et à rédiger un dossier. Et cela prend du temps, beaucoup de temps même si on entend souvent "il faut juste que j'ai un scanner" - "je dois seulement voir un ORL"... Ainsi, au final, les gens attendent parfois 2 voire 3 heures sans comprendre pourquoi. Nous n'avons pas forcément des urgences, mais simplement beaucoup de patients sans aucune gravité à gèrer.
On a un sentiment "d'assistanat", de facilité : c'est tellement plus facile de venir aux urgences pour une radiographie, un bilan, un avis spécialisé. Plus besoin de prendre rendez vous chez le médecin ou le spécialiste, plus besoin d'attendre les résultats du laboratoire ou de cabinet de radiologie. Faut juste être patient aux urgences...
On se demande régulièrement : "mais comment faisaient les gens avant ?". Avant : il existait des médecins de garde toute la nuit. Avant, les gens préféraient attendre le lendemain. Et avant, on a tendance à croire que les patients étaient moins pressés, voire avaient plus de bon sens...
Bref : heureusement que nous sommes ouverts...
dimanche 3 février 2013
Les spé...
Nous, urgentistes, devons connaître les urgences des différentes spécialités.
Mais les urgences ont évolué : nous devons également faire face et trouver une solution pour des problèmes ne relevant pas, mais alors, absolument pas des urgences, que cela concerne l'ORL (bouchon de cérumen) ou la dermatologie (eczéma, psoriasis). Ainsi, nous avons appris à y faire face, mais beaucoup de cas demande un savoir plus poussé et nous devons alors faire appel aux spécialistes.
Très souvent, j'envie ces praticiens, super pointus dans un domaine bien particulier alors que nous, pauvres urgentistes, devons savoir beaucoup de choses dans beaucoup de domaines. Il ne faut pas croire que l'on appelle les spécialistes pour un oui, pour un non. Très souvent, quand on hésite à décrocher notre téléphone, on réfléchit, on en parle aux collègues, voire on consulte internet (un comble...). Tout cela parce qu'on ne veut pas déranger le spécialiste pour rien. Car on a parfois le sentiment de les gêner : leurs réponses sont parfois très brèves, laconiques, expéditives, sans présentation (la personne ne dit pas bonjour ni au revoir). On a parfois l'impression que notre problème est sans importance, qu'ils gèrent des cas bien plus graves et plus urgents. Et encore, sans pire la nuit,
Bien sur, je ne désire pas faire de généralité, mais ce sentiment est partagé par nombre de mes collègues. La relation avec les spécialistes est un sujet souvent évoqué lors d'échanges inter-hospitaliers.
J'en parle car pour trouver une solution pour une patiente de 50 ans qui avait reçu un plomb au visage à 1 cm de son oeil (après une soirée avec son mari, ce dernier jouait avec son fusil et malencontreusement le coup est parti. Oui... l'histoire semble bien fumeuse, mais je n'ai pas voulu approfondir), j'ai du appeler un spécialiste. Bref, il est quasiment 23h et je n'arrive pas à retirer le plomb après une anesthésie locale. Je préfère m'en référer au spécialiste à savoir un ORL. Je savais bien qu'il n'y avait aucune urgence mais bon, je me suis dit "peut-être est-il sur place et disponible ?". Evidemment, je me suis bien trompé mais sa réponse m'a surpris : "beaucoup de gens vivent avec un plomb toute leur vie...". C'est tellement facile d'en avoir rien à faire, comme si j'allais dire sa réponse à la patiente. Une femme de 50 ans : "Et ben, on va laisser ce plomb à 1 cm de votre oeil et puis si ça se trouve, ça ne se verra pas..."
J'aimerais bien, qu'ils se mettent à notre place, qu'ils comprennent notre travail, que nos patients sont aussi importants que les leurs et que dans les conditions des urgences, nous devons bien pouvoir apporter une réponse au problème de nos patients et que cette réponse ne peut pas attendre le lendemain. Mais bon ceci est un voeu pieux. Et encore, je ne suis pas à plaindre.
samedi 2 février 2013
Les Urgences et TF1
En ce moment, passe sur TF1 une émission "24h aux urgences".
Sur le coup, je me suis dit : "bonne idée de montrer 24h". Le calme du matin, l'arrivée des premiers "décho". L'afflux de l'après-midi et la difficulté d'examiner et de traiter tout le monde. Le nombre impressionnant de cas ne relevant pas de la médecine d'urgence. Puis le retour au calme et l'ambiance de la nuit. Ainsi que le lien unissant tous les acteurs de l'urgence : de l'ambulancier au médecin en passant par l'aide-soignante et l"infirmière.
Aussi, j'ai regardé avec grand intérêt les premiers épisodes.
Bon, évidemment, j'aurais du me douter que comme c'était diffusé sur TF1, le sujet serait forcément biaisé...
J'ai été déçu : c'est décousu, l'émission montre seulement quelques cas, les plus intéressants (accident de la route, inconscient...). Il en ressort le sentiment qu'à part cela, il ne se passe rien aux urgences, qu'il y a bien du monde (médecin et IDE) pour ces quelques cas. Tout patient se présentant est pris en charge immédiatement. Pas d'attente, pas d'afflux massif de patients sans aucune gravité. On n'a pas non plus la notion du temps qui passe, de l'alternance jour - nuit, de la fatigue accumulée par le personnel.
Le point positif (car tout de même il y en a un hormis le fait de parler des urgences) est la parole donnée aux patients et au personnel. Il est toujours intéressant de connaître le point de vue des patients et de leur entourage, leur impression sur la maladie et le stress lié à l'attente et à l'incertitude.
Cette émission passe en fin de soirée. Dommage, mais de toute façon, je ne pense pas qu'elle aurait attiré beaucoup de spectateurs.
Reste que l'on parle des urgences. Et cela nous change des pompiers et du GIGN...
Et voilà, 24h aux urgences de fait. Comme on dit : "Toute bonne garde est une garde finie", mais bon la nuit fut plutôt horrible...
Transmissions de 2 patients d'un collègue à 22h non gérés dont une décompensation diabétique passée inaperçue. Présence d'un patient sous ventilation assistée non invasive toute la soirée et la nuit (sous respirateur quoi) car pas de place en réanimation et qui évidement se dégrade à 5h du matin avec impossibilité de le transférer (mais p....n qu'est ce qui fout encore aux urgences, m...e !!!!!!!)
Et avec tout cela, le panaris qui arrive à 2h du matin parce qu'il a mal depuis 4 jours mais que là, ça fait vraiment mal...
Sans compter le petit de 3 ans qui a de la température depuis 4 jours et qui est amené par ses parents à minuit car voilà "y a de la température depuis 4 jours mais on n'a rien donné ce soir pour que vous puissiez voir" et qui n'a pas de température trouvée aux urgences !!!!!!! Avec le type tombé dans les escaliers en état d'ébriété qui est somnolent : vous vous demandez si c'est l'alcool ou le traumatisme crânien avec le risque d'hémorragie intra-cranienne mais bon voilà il est 3h du matin et appeler le radiologue qui dort tranquillement chez lui et qui est payé à dormir tranquillement chez lui à 3h du matin juste parce que vous vous inquiétez pour le gars qui a bu toute la soirée et qui n'est plus capable de mettre un pied devant l'autre... Bref, le gars est inconscient, j'ai du mal à le stimuler, j'appelle le radiologue => résultat : scanner normal... J'aurais presque préféré qu'il saigne dans sa tête (j'aurais eu l'impression de ne pas avoir appeler le radiologue pour rien...) et effectivement le gars ivre se réveille et commence à insulter tout le monde !!!!!! Mais p...n qu'on interdise l'alcool, m...e !!!!
Sans compter la femme de 25 ans qui a mal au poignet quand elle travaille depuis 10 jours mais bon voilà elle travaille la journée alors forcément elle a pas le temps de voir un médecin et puis de toute façon on est payé pour travailler, non ? Quoi répondre à ça ? Bref, vaut mieux pas envenimer les choses et se dire que demain il fera jour... En plus, vous êtes arrivés de nuit à 7h30, n'avez pas vu le soleil et vous vous êtes rendu compte à 18h qu'il faisait déjà nuit ou est-ce que le soleil ne s'est pas levé de la journée ? Cela doit être plutôt ça...
Bref, journée de m...e, nuit de m...e Seul réconfort, on a sauvé la vie d'un homme de 52 ans qui a fait un infarctus massif avec troubles du rythme (ouf, j'ai eu un moment peur de le perdre). Cela justifie au moins tout le temps "perdu" auprès des autres.
Et là, on comprend les urgentistes de Thonon qui ont démissionné et on regrette un peu de ne pas être à Grenoble pour soutenir les collègues.
vendredi 1 février 2013
Voilà, c'est fait.
Je me lance à mon tour (comme beaucoup d'autres avant moi...) à rédiger mes commentaires, mes avis, mes opinions. Bref, voilà, c'est fait, j'ai créé un blog. Seulement, voilà, je ne désire pas parler de moi, ni exprimer mes opinions (somme toute, très personnelles), j'aimerai parler de ma vie professionnelle : je suis Urgentiste.
Pourquoi parler des urgences ? Qu'il y a t'il de bien intéressant à parler de gens blessés, de patients en détresse, "entre la vie et la mort" (comme le disent si bien les médias) ? Me faire mousser ? Me rendre intéressant ?Montrer à tous à quel point ma vie est passionnante ? Que nenni. Cela n'est pas et ne sera jamais mon propos, c'est mal me connaître. Seulement, les urgences (on parle de ce service au pluriel mais comme cela concerne q'un seul service de l'hôpital, le verbe est alors au singulier) est un lieu de vie, de mort, de pleurs, de joie, de souffrance, de soulagement. Tout le monde y est passé, passe et passera au moins une fois aux urgences pour soi-même ou pour un proche. On y rencontre des SDF, des toxicos, des alcooliques en manque ou ivre, des mécaniciens aussi bien que des avocats. C'est formidable les rencontres que l'on peut y faire.
Bref, voilà, je désire parler de ma vie (car lorsque l'on passe des nuits, des weeks-ends, des Noëls, des réveillons aux urgences, quand on partage des joies et des peines avec les collègues et les patients, je pense que l'on peut parler de "vie") aux urgences.
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