Aujourd'hui : formation en urologie dédiée aux urgentistes et réalisée par les chirurgiens urologiques. Ces derniers, d'astreinte la nuit en ont assez d'être réveillés pour des problèmes qui leur semblent banaux et qui ne nécessitent pas de les appeler. Aussi, ils nous ont formé à gérer les principales pathologies et problèmes que nous sommes amenés à rencontrer dans notre pratique. Ce fut très intéressant et le chirurgien qui faisait la présentation prenait le tout avec humour et légéreté. Il nous répétait sans cesse : "C'est facile et il ne faut pas avoir peur".
J'adore apprendre et en savoir plus. Mais voilà, les urologues nous forment en urologie, les ophtalmologues nous demandent de prendre en charge les urgences ophtalmo (sans qu'on sache utiliser et encore moins appris à utiliser une lampe à fente), les ORL ne veulent pas se déplacer même lorsque l'on fait face à une épistaxis sous AVK ou anti-agrégants ne s'arrêtant pas malgré plusieurs méchages, les gynécologues nous demandent d'examiner et de faire un toucher vaginal alors qu'ils vont le refaire après, les chirurgiens viscéraux ne comprennent pas qu'on n'incise pas les abcès même profonds, les chirurgiens orthopédistes nous demandent de réduire les fractures aux urgences,...
Bref, ce que je veux dire est que les spécialistes nous demandent tous de savoir gérer les pathologies relevant de leur spécialité que l'on peut rencontrer aux urgences. D'ailleurs, la mode chez les urgentistes, en ce moment, est de se former à l'échographie justement pour pallier au manque du radiologue la nuit (mais aussi, pour mieux apprécier un polytraumatisé sévère heureusement).
On pallie au manque de spécialiste et à leur manque de disponibilité. Les pathologies que l'on traite leur semble facile à gérer. Normal, ce sont eux, les spécialistes. Mais, nous, nous n'avons pas leur formation, leur pratique ou leur expérience. Nous ne pouvons pas savoir tout sur tout. Et chaque spécialiste nous traite comme des incapables, ne pouvant rien faire sans eux... C'est frustrant et déstabilisant. Lorsqu'une urgence vitale arrive dans leur secteur, ils font appel à nous. Il m'est arrivé d'intervenir pour un arrêt cardiaque survenu devant le chirurgien viscéral sans que ce dernier n'ait fait le moindre geste de réanimation. Je ne lui ai pas fait la remarque qu'il aurait quand même pu masser. Je ne lui demande même pas d'intuber, alors que lui-même nous demande d'inciser les abcès profonds...
Plus le temps passe et plus il faut qu'on sache gérer la base de tous les spé en plus de notre spécialité.
Serons-nous couvert si une erreur médicale survient ? Que pourra-t-on répondre quand le juge nous demandera : "Pourquoi n'avez vous pas appelé le spécialiste ?", "Etiez vous formé à faire cela ?"
Pourquoi le faisons-nous alors si c'est dangereux ? Parce que quand vous avez le patient en face de vous, vous désirez lui apporter une solution rapide...
Cela et la réunion de service du matin pendant laquelle nous avons appris qu'il nous manquait plusieurs médecins, qu'il n'y avait pas de recrutement dans l'immédiat et que les médecins smuristes allaient devoir s'occuper du tri à l'accueil et du déchocage en plus de la filière longue... Bref, tout cela me fait prendre conscience (encore une fois) qu'il vaut peut-être mieux quitter le bateau avant qu'il ne sombre définitivement.
Le plus dur est le premier pas...