Hier, un laboratoire offrait un restaurant à mon service pour présenter un nouveau médicament. Restaurant gastronomique, bien sur. Ambiance feutré, plats minimalistes et recherchés.
On pourrait discuter des relations médecins - laboratoire. On en a beaucoup entendu discuter dans les médias dernièrement.
Non, en fait, en discutant avec les autres urgentistes, on se disait que les cardiologues se spécialisaient ou plutôt se sur-spécialisaient de plus en plus : certains ne font plus que des angioplasties, d'autres de la rythmologie. Et ceci est vrai pour beaucoup d'autres spécialistes : certains orthopédistes opèrent essentiellement les genoux, des pneumologues s'occupent plus des asthmatiques, des pédiatres deviennent neuro-pédiatres ou néphro-pédiatres. Etc... etc...
Evolution surement nécessaire pour gérer au mieux des pathologies parfois complexes.
Et voilà, qu'en fait, nous, urgentistes, déjà qu'il nous faut connaitre notre métier, les urgences et savoir les gérer, il faut de plus en plus savoir gérer l'ophtalmologie, l'ORL, la gynécologie. Bien sur, sans que cela soit trop compliqué, mais tout de même nous ne sommes pas former à cela. Nous prenons alors des risques à accepter cette évolution : risque de se tromper de diagnostic ou de thérapeutique. Risques pour les patients donc. Mais cela nous le faisons car nous n'en avons pas le choix : il faut bien s'occuper de tous les patients qui se présentent aux urgences devant l'absence de disponibilité de la part des médecins généralistes ou devant le délai d'attente trop long pour un rendez-vous chez un spécialiste. Par ailleurs, lorsque l'on fait appel à un spécialiste, souvent ce dernier nous donne son avis par téléphone avec les limites que cela implique. Le patient est souvent alors dubitatif sur notre prise en charge : comment un médecin que je n'ai pas vu et qui ne m'a pas examiné puisse savoir ce que j'ai. Mais pour les spécialistes, ce qu'on leur demande leur parait bien trivial et ils nous demandent plus ou moins directement de gérer des pathologies relevant de leur spécialité sans que l'on fasse appel à eux. On se sent comme piégé entre les patients et la nécessité de les gérer au mieux et des avis, des imageries, des examens biologiques qui ne sont pas toujours faciles à obtenir, voire impossible (la nuit, les weeks-ends et jours fériés).
Ainsi, on se généralise ou plus exactement il devient nécessaire qu'on sache de plus en plus de chose dans de plus en plus de spécialité. Sans que les limites soient bien claires. Je pense sérieusement qu'il faudrait que la relation urgentiste - spécialiste soient encadrée ou que les limites de la médecine d'urgence soient posées. Sinon, on s'expose à des risques inutiles.

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