Ce week-end, des stations de montagne avaient regroupé leurs parcours vtt pour en créer un immense. Beaucoup de moyens de secours était mobilisé : des secouristes, des pompiers équipés de motos, quad et de véhicule de secours ainsi qu'un hélicoptère médicalisé. Pour la première fois, les organisateurs avaient décidé après une mésaventure l'année dernière d'embaucher un médecin qui s'occuperait de réguler conjointement avec le COS les différents secours et leurs destinations que ce soient le domicile, les cabinets médicaux ou les centres hospitaliers de secteur.
Pour ces 3 jours, le PC sécurité était situé dans un centre de pompier de l'une des stations. Et me voici, arrivant vendredi tôt le matin pour découvrir les lieux et ces habitants. Je fus alors reçu par le chef du centre : 1m80 de haut et quasiment autant de circonférence. Souriant, accueillant, agréable. Les autres pompiers étaient bâtis selon le même modèle : grand et plutôt portés sur l'embonpoint. Hélas, les quelques femmes pompiers présentes avaient le même gabarit en moins prononcé.
Le premier matin, j'avais beaucoup à faire : comprendre le parcours, connaître les différents moyens et leurs localisations, prendre contact avec le médecin de l'hélico et les médecins locaux.
Peu de temps après, j'ai compris le secret de "leurs formes" : à 9h, ils se mirent tous autour de la table et se mirent à sortir du frigo rillettes, jambon, fromage et vin rouge ou rosé au choix... J'étais impressionné par leur "endurance", car fallait voir le repas du midi : un jour brochettes, le lendemain côtes de boeuf grillées, avec toujours vin rouge ou rosé. Le soir, ils sortaient alors les bouteilles de Crémant et au cas où cela n'était pas à mon gout, je pouvais prendre de la bière ou continuer au rouge. Bref, j'avais mis le pied chez des bons vivants. Le premier soir, après plusieurs verres de crémant (je n'arrivais jamais à finir mon verre. On me le remplissait dès qu'il était à moitié vide), je découvris mon hôtel qui avait comme pensionnaires ce soir-là des alsaciens qui tournaient eux à la vodka gingembre, que je fus invité à boire. Puis, repas avec apéritif, vin, et génépi pour finir. Si j'avais su, je me serais entrainé avant, car 3 jours à ce rythme, mon foie ne tiendrait pas.
Question secours, après plusieurs années de régulation, c'était facile d'organiser les moyens à envoyer. Les cyclistes se faisaient principalement des traumatismes du poignet ou de l'épaule. Hormis le second jour, pendant laquelle plusieurs se firent des traumatismes crâniens dont un sévère qui nécessita un transfert sur un centre de neuro-chrirugie et mobilisa l'hélicoptère pendant quelques heures. Le troizième, ce fut encore plus facile. A cause du mauvais temps, plusieurs remontées mécaniques furent fermées et peu de cyclistes prirent le départ. J'avais du mal à imaginer le plaisir qu'ils pouvaient prendre sous la pluie et dans le brouillard sur des routes détrempées et glissantes. Autant faire du roller sur une patinoire.
Après ces trois jours, Je me suis dit qu'il fallait absolument que je revienne car un tel accueil allait me manquer.
Après les vvtistes crasseux, je suis parti en rapatriement chercher un homme psychotique disparu depuis plusieurs mois et retrouvé après avoir crevé les pneux de 41 voitures. Rien que cela...
A mon arrivée à la prison où il avait été placé, les gardiens ne me laissèrent pas entrer. Seuls les ambulanciers purent pénétrer dans le "bunker" pour en sortir avec un homme relativement calme mais totalement délirant. Le psychiatre venu me parler m'expliqua que le patient refusait de prendre son traitement. Comme en général tous les patients psy... Résultat, maintenant, le patient était dehors, délirant et dans "mon" ambulance. Comme il était plus ou moins calme, j'accepta de le transporter. Heureusement qu'il avait bien voulu monter dans l'ambulance, car je n'avais aucun document me permettant de le transporter contre son gré. Rien n'avait été fait en amont. Durant les 4 heures du parcours, l'infirmière et moi avons pu voir le patient lire la bible, parler à Dieu (ce qui n'est pas donné à tout le monde), faire de grands gestes et parler de façon incompréhensible. Je ne vous raconte pas le soulagement quand nous l'avons laissé au psychiatre.
C'est toujours le même problème avec les patients psychotiques en rupture de traitement, on ne sait jamais à quoi ils pensent et comment cela va évoluer. Pour peu q'une voix leur disent qu'on leur veut du mal... En plus, l'infirmière avec qui je faisais équipe venait de se faire opérer des hanches. Je la voyais bien se jeter sur le patient ou le maintenir avec ces petits bras musclés...
Allez, demain, un petit avion sanitaire pour aller chercher en Slovénie une polytraumatisée, au moins avec ces vertébrés et ces cotes fracturées, on ne risque pas grand chose...