Pour le Samu, il existe des mots clés qui leur font déclencher un Smur malgré un interrogatoire rassurant et la conviction de l'équipe du Samu que ce départ médicalisé n'est pas justifiée.
Ainsi, il m'est arrivé de devoir partir à 3h du matin pour un "accouchement inopiné" : femme enceinte arrivant au terme de sa première grossesse qui après 4 heures de travail, et ayant des contractions toutes les 3 minutes et d'une durée de 30 secondes chacune. Bilan bien rassurant, mais lors de son appel au Samu, elle a mentionné avoir "envie de pousser". Et ce dernier "symptôme" a suffi à déclencher une équipe pompier et une équipe Smur. Et vu le secteur d'intervention, on savait dès le départ que notre sortie était inutile. Et effectivement, arrivés sur place, nous avons pu constaté que la femme enceinte nous attendait tranquillement avec ces valises pour être transporté. Elle me dit avoir envie de pousser. Son col n'était ouvert qu'à 2 doigts. Elle pouvait même attendre encore tranquillement chez elle quelques heures. Mais, non, en fait, elle n'a pas de moyens de transport... Voilà, ce n'est pas plus compliqué que cela : il lui faut juste un moyen pour aller à l'hôpital et pour être sur de l'obtenir, elle a préféré "noircir" le tableau.
Parfois, nous intervenons auprès d'une personne dont un membre de la famille a appelé le Samu pour qu'un médecin se déplace car il n'arrivait pas à obtenir un rendez vous avec un médecin qui se déplace à domicile.
Il nous faut quitter les urgences, transmettre les patients dont nous nous occupons à nos collègues déjà bien occupés avec les leurs, en sachant que souvent, une fois de retour, comme ils n'auraient pas eu le temps de s'en occuper, il nous faudra expliquer et nous excuser pour le retard.
Voici un des effets pervers du Samu : par téléphone, on ne peut que se fier aux dires du patient ou de la famille et c'est prendre un risque de passer à côté d'une pathologie grave que de décider de ne pas envoyer d'équipe médicale parce que l'interrogatoire parait douteux.
Parfois, quand il est clair que notre intervention n'était pas justifiée, on essaie d'expliquer qu'il n'était pas nécessaire de noircir le tableau pour que des moyens soient envoyés et que notre présence à leur côté peut être préjudiciable pour une autre intervention justifiée. J'ai souvent eu alors le sentiment qu'on était incompris et qu'ils n'hésiteraient pas à recommencer.
Tant pis...
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