C'est fou comme des personnes peuvent être différentes en fonction de leur pays. J'étais en début de semaine en Thaïlande : sourire quelque soit les circonstances, salutations les mains jointes et inclinaison du tronc, toujours à nous demander si cela va ou a été bien. On se sent bien considéré. Les infirmières sont présentes, nous donnent dossier épais, traitement complet, nous accompagnent jusqu'à l'aéroport.
Puis 2 jours après, départ pour le Maroc, Fès. En exagérant à peine, je pourrais dire que c'est l'exact opposé : pas de sourire, une espèce de nonchalance générale associée à une lenteur dans la moindre de mes demandes. Les infirmières ne font que le minimum : dossier incomplet, pas de traitement préparé, patiente pas prête (pas changée, pas habillée). Elles partent s'allonger alors que l'on s'occupe de la patiente, mettent du temps à réaliser le moindre geste. On comprend alors mieux l'état du service : serpillière trainant dans un coin d'une pièce qui doit être la salle de soins, chariot de soins sale et pas rangé... Bref, faut que je ramène cette patiente en France, sinon je ne donne pas chère de sa peau. La pauvre, 92 ans, amaigrie, déshydratée, petite, sourde et parlant mal le français. La veille, le médecin que je rencontre m'assure qu'elle marche (condition sine qua non pour que je puisse la ramener en avion de ligne en place assise : il est nécessaire qu'elle puisse marcher du fauteuil à son siège). La voyant fatiguée allongée sur le côté, je n'ai pas voulu l'ennuyer et j'ai fait confiance au médecin qui présentait bien. Le jour du départ, je rencontre la famille que j'avais raté de peu la veille qui m'assure qu'elle ne se déplace plus... Un essai me montre même qu'elle ne tient plus sur ses jambes. Pas de retour possible. Je maudis ce p... de médecin de mes 2 et m'en veux de m'avoir pas vérifié la veille. Le bilan fait à l'assistance était trop beau pour être vrai pour une personne de 92 ans.
Du coup, pas le choix : appel de l'assistance, annulation du vol, et essai d'un avion sanitaire le lendemain avec moi comme médecin. Pas le choix, il ne me reste plus qu'à passer une nuit de plus à Fès. Après Bangkok et Fès, j'aurai préféré rentrer au plus tôt me reposer...
J'accepte : c'est le jeu, ma pauvre Lucette. J'avais qu'à m'assurer de son état plus tôt.
Par contre, pas question de retourner dans mon hôtel décrépie de la veille (qui fut surement un hôtel luxueux il y a 50 ans, mais hélas, l'absence de rénovation et le temps n'ont pas arrangé les choses) et quitte à rester, autant que ce soit dans le meilleur hôtel de la ville. Aussi, ne me démontant pas, je demande aux ambulanciers de me conduire dans le meilleur hôtel de la ville. Et je ne fus pas déçu : à l'entrée de la médina, hall somptueux, chambre avec enfin de l'air conditionné, propre et monstre piscine :
Hélas, je ne pus pas tant que ça en profiter : l'assistance a réussi à dépêcher un avion sanitaire dans l'après-midi pour nous ramener en France. Tant pis, j'ai au moins pu visiter la médina :