jeudi 24 juillet 2014

Finalement, mieux vaut avoir les pieds sur terre...

Je suis en plein milieu de mes vacances que j'ai décidé d'utiliser pour les rapatriements. Donner une longue période de disponibilité permet au cas où, de partir loin, mais hélas, rien. A la rigueur, vu les accidents d'avion en ce moment (3 en une semaine), il faut peut-être mieux rester en France faire de l'ambulance. En plus, les 3 accidents se sont produits sur 3 continents différents et hormis Taïwan, les 2 autres auraient pu correspondre à des rapatriements.

Bon, j'ai quand même pu aller à Bruxelles la semaine dernière avec une soirée passée sur place (nuit passée au Crowne Plaza, ce qui ne gache rien) et visite de la Grande Place, du Manneken pis, et consommation de bières, de bières, et de bières...  On a quand même mangé un peu, histoire d'éponger tout cela et avec la nourriture belge, vous pouvez en éponger. Ceci explique peut-être cela...

Quelques jours plus tard, je suis retourné dans le nord, cette fois pour aller à Lille avec consommation de plats locaux sur la grande place : frites, welsh, tourte au Maroilles, croquette de vieux Lille, galette de pommes de terre aux oignons... La délicatesse et la légèreté de la nourriture ch'ti n'a rien à envier à la belge...

Bon, quand même, malgré tout, vivement un long-courrier...

dimanche 13 juillet 2014

Le gentleman du déménagement

Au moins, je peux enchaîner les rapatriements sans problème. Jeudi, après avoir travaillé à l'hôpital, je peux pour aller chercher un patient dans un camping pour le ramener en région parisienne à son domicile. L'homme avait ne maladie de l'oreillette, entrainant une arythmie cardiaque et préférait que ce soit l'hôpital proche de son domicile qui l'équipe d'un pacemaker. Pas très intéressant, ancien peintre en bâtiment, il était bourré de convictions et discuter avec lui ne servait à rien d'autant que j'ai l'impression qu'il avait quelques problèmes de mémoire.
A moins, le lendemain, j'ai pu discuter avec un autre patient qui avait fait une insuffisance cardiaque. Retraité, il avait travaillé dans une société de déménagement en tant que directeur d'agence. Sa "boîte" basée à Paris s'occupait du déménagement des ambassades, donc de personnes disposant d'un porte-feuille bien garni. Il m'a ainsi raconté des déménagements qui ont duré environ 2 ans et nécessité des camions à température réglable pour transporter les manteaux de fourrure de madame l'ambassadeur ou des tableaux de monsieur. Il m'a aussi rapporté qu'un contre-maître après s'être occupé d'un déménagement long et difficile avait obtenu une voiture neuve comme pourboire... Bref, il avait plein d'anecdotes que je n'aurais pas cru possible et qui nous ont occupé pendant tout le trajet. Il était cultivé et c'était un plaisir de l'entendre parler de sa région d'adoption. Tranquille, quoi...

Puis, ce jour, pour changer, petite médicalisation d'une course VTT. C'est tellement plus simple et agréable, notamment cela permet de manger en restaurant d'altitude entre 2 descentes. Tranquille, je vous dis...

samedi 12 juillet 2014

Décider de tout arrêter

J'étais intervenu en smur il y a une dizaine de jours sur un arrêt cardio-respiratoire récupéré par les pompiers après un choc. Porteuse d'une myopathie entrainant une insuffisance respiratoire, cette femme de 40 ans était arrivée à bout de souffle au cabinet d'un médecin qui avait rapidement appelé les secours. Alors que le coeur était reparti, elle n'avait pas encore récupéré connaissance. Une fois arrivés et après avoir pris connaissance du dossier, nous avions alors décidé d'intuber, de la mettre sous respirateur, de la sédater pour enfin la transporter en réanimation après être passé au scanner. Au final, la patiente avait présenté un arrêt cardiaque d'origine hypoxique suite à sa myopathie. C'est pourquoi son coeur était reparti aussi "facilement".
J'ai pris récemment de ses nouvelles. Elle s'est réveillée sans séquelles et a été laissée longtemps sous respirateur, car elle n'arrivait pas à se sevrer du respirateur jusqu'à qu'elle s'extube tout seul. Elle fut alors mise sous ventilation non invasive. Pour qu'elle puisse sortir du service, les réas lui ont proposé une trachéotomie. Elle a préféré refuser malgré l'instance de son mari. Le service a lors pris contact avec le samu, le service d'hospitalisation à domicile pour éviter une prochaine réanimation si un arrêt respiratoire se reproduisait. Cela fait bizarre de déprogrammer la réanimation ce qui va conduire inéluctablement vers la mort. C'est contre notre formation et notre "éthique". Mais cela se comprend au vu de la maladie de la patiente. Cette dernière lutte depuis de nombreuses années contre sa maladie qui évolue malgré tous ses efforts. Elle a probablement compris qu'elle ne gagnerait pas et accepté sa fin. Ce n'est pas qu'elle désire mourir, elle est résigné à perdre. Cela demande aussi beaucoup de courage.

J'espère juste que je ne serais pas celui qui décidera de ne rien faire...

lundi 7 juillet 2014

Une solution pour l'urgentiste et vite

Samedi fut une journée rassemblant tout ce que l'on peut vivre de pire aux urgences.
Pourtant, tout avait bien commencé : l'habituel patient en état d'ébriété était rentré chez lui. La matinée s'annonçait calme, ce qui me permettait de trouver une solution à une femme venue du Congo Zaïre par bateau puis en voiture, sans papiers et ne sachant pas où aller. J'ai téléphoné à une dizaine d'association : croix rouge, secours catholique, secours populaire, samu social, mais en fin de journée, la voyant toujours prostrée sur son brancard et sans solution d'hébergement trouvée, j'ai du l'hospitaliser en UHCD. Difficile de la laisser partir au milieu des champs. Comme quoi, il doit me rester une once d'humanité. Nous avions reçu aussi la classique personne âgée démente et grabataire en fin de vie pour une altération de l'état général (à croire que son état n'était pas encore assez altéré) qui avait été admise en salle de déchocage (fallait bien cela).

Et puis voilà, arrive une patiente ayant été opérée par les urologues il y a 2 semaines pour un prolapsus et qui saigne. Je ne suis pas chirurgien, ce n'est pas moi qui l'ait opéré, je ne sais pas vraiment quoi faire. Alors j'appelle le spécialiste. Evidemment, un samedi, il est d'astreinte et ne désire pas passer son samedi aux urgences (et nous, alors ?). Après quelques échanges, il me dit que je n'ai qu'à tamponner. Je lui précise que je ne fais pas cela et il me rétorque que je n'ai qu'à apprendre mon métier. Voilà, ça a commencé par cela. Faut que j'apprenne mon métier. Et ben mon métier, je le connais, sédater, intuber, drainer, réduire des fractures ou des luxations, traiter un infarctus et tout état de choc. Par contre, je ne sais pas opérer et encore moins faire le "service après vente" de la chirurgie... Au final, j'ai bien été obligé de trouver une solution : j'ai relevé mes manches et fait ce que j'ai pu : en faisant mal à la patiente, j'ai placé quelques compresses sur ce que je croyais être l'origine du saignement. Evidemment, cela n'a pas marché (cela aurait été trop simple). Alors, j'ai contacté la gynécologue qui a accepté de m'aider.

J'ai eu aussi la chance de m'occuper de la femme venant pour une douleur pelvienne depuis... quelques semaines, mais là évidemment "c'est pire". Enfin, venant pour une douleur pelvienne, elle vient surtout pour une échographie. Alors quand je lui explique qu'il faut qu'on fasse des examens, elle préfère partir. Drôle de conception des urgences...

Plus tard, le monde arrivant, le temps d'attente s'allongeant, les soignants courant sans prendre de pause, la tension monte. Un jeune homme seul dans son box d'examen interpelle toutes les personnes passant et leur demande si on ne l'a pas appelé. Je me renseigne, retourne le voir et lui dit que quelqu'un va venir. Comme je vois qu'aucun médecin ne s'est pas encore "cliqué" dessus, je m'y "colle". Et voilà, qu'apparait dans l'office médicale, ce jeune patient venant pour fièvre, apostrophant les infirmières. Je viens le voir et lui explique calmement de retourner dans son box et que j'arrivais. Quelques secondes après qu'il soit parti, je n'ai pas pu m'empêcher de commenter "il n'a pas l'air si malade"... Et voila, ce fameux "malade" revenant en furie après m'avoir entendu, pour m'insulter et finalement me donner un coup au visage. A ce moment, toute l'équipe médicale et paramédicale nous sépare. Lui continue à m'insulter. Je reste relativement calme. Après quelques minutes, le patient repart dans son box. Et moi, bizarrement, je décide d'aller le voir. Pourquoi ? Je ne sais pas. D'habitude, je suis le premier à dire que nous ne sommes pas là pour se faire insulter, encore moins frapper. Son geste ne m'a pas surpris. Et lui même ne s'est pas senti dans l'obligation de s'excuser. Même seul avec lui et après avoir bien insisté sur le fait qu'il m'avait agressé physiquement, il trouvait normal de frapper un médecin. Au final, il a décidé de partir sans que j'ai pu finir mon examen. Quand je pense que je suis allé le voir et que j'ai même commencé à l'examiner... Je lui ai dit que j'allais porter plainte. Faudrait le faire, mais faire une entrée puis un certificat de coups et blessures ainsi qu'une déclaration d'accident de travail puis poser une plainte au commissariat, bref tout cela me semble trop long et surtout à rien. Enfin, pas tout à fait, mais je sais que cela ne changera rien pour moi. Et pourtant, je suis le premier à déclamer haut et fort qu'il faut qu'on se fasse respecter. C'est quand même dingue de devoir en arriver là. Les gens n'ont plus de respect pour le temps qu'on leur consacre. D'autant que l'on essaye de voir le maximum de patients sans prendre de pause au risque de faire une erreur. Par la suite, j'ai continué mon travail comme si rien ne s'était passé, parce que tout cela devait forcément arriver un jour. Heureusement, l'équipe médicale et para-médicale est venue me voir pour me réconforter, car mine de rien, cela fait bizarre d'être adressé, nous ne sommes pas préparés à cela.

Ainsi, ce jour m'a montré clairement la position des urgences : entre les patients d'un côté insatisfaits et à qui il faut rapidement trouvé une solution et les spécialistes qui ne comprennent pas qu'on ne connaisse pas leur travail. Et pour nous, est ce que quelqu'un a une solution ?